Le Devoir

Barclays écope d’une amende de 2 milliards

La banque faisait l’objet d’une enquête à propos de ses pratiques dans l’immobilier avant la crise financière de 2008

- LUC OLINGA à New York JEAN-BAPTISTE OUBRIER à Londres

La banque britanniqu­e Barclays a trouvé un accord aux États-Unis prévoyant une pénalité de 2 milliards de dollars pour solder une enquête du ministère de la Justice portant sur ses pratiques dans l’immobilier avant la crise financière.

L’établissem­ent était accusé de «fraude» pour avoir vendu entre 2005 et 2007 des produits financiers toxiques baptisés « RMBS » à des investisse­urs, qui ont essuyé des milliards de dollars de pertes quand ces produits financiers ont perdu toute valeur, selon un communiqué publié jeudi. Les RMBS sont des titres financiers adossés à des prêts hypothécai­res risqués que de grandes banques ont vendus à de grands investisse­urs et à d’autres établissem­ents financiers de petite et moyenne tailles. Les défauts de paiement des ménages ayant contracté les emprunts ont conduit à une cascade de charges et de provisions dans le secteur financier mondial et, in fine, à la crise de 2008.

Des filiales de Barclays ont effectué 36 transactio­ns comprenant des RMBS, selon le ministère américain. Elles «ont menti sur la qualité des prêts immobilier­s contenus dans ces opérations», fustige le régulateur qui va, à la suite de l’accord annoncé jeudi, retirer sa plainte et arrêter ses poursuites contre la banque.

Deux anciens dirigeants américains de Barclays, Paul Menefee, basé à Austin, et John Carroll, de Port Washington, ont également trouvé un accord distinct avec les autorités. Ce dernier prévoit qu’ils s’acquittent d’une pénalité de 2 millions de dollars en échange de l’arrêt des poursuites à leur encontre.

Ces accords reflètent «la déterminat­ion du départemen­t de la Justice de tenir pour responsabl­es les banques et autres entités ainsi que les individus pour leur conduite frauduleus­e», explique Richard Donoghue, procureur fédéral du tribunal de New York, cité dans le communiqué.

De son côté, Barclays a expliqué dans un communiqué publié à Londres que cet accord tirait un trait sur l’ensemble des plaintes la concernant auprès du départemen­t de la Justice concernant les RMBS pour la période 2005-2007. La banque précise que la somme sera intégrée dans ses comptes pour le premier trimestre, qui seront dévoilés le 26 avril.

«Je suis heureux d’avoir pu conclure un accord juste et proportion­né avec le départemen­t de la Justice. Depuis le début, l’équipe de direction avait pour priorité de résoudre ces anciens problèmes de manière appropriée et à temps dans la mesure du possible», a déclaré Jes Staley, directeur général de Barclays. Il s’est dit convaincu que Barclays était en bonne position pour améliorer ses résultats maintenant qu’il a réglé cet important litige et après avoir achevé l’an dernier sa réorganisa­tion en se recentrant sur le Royaume-Uni et les États-Unis.

Les litiges autour des RMBS ont concerné certains des plus grands noms de la finance mondiale. Dans une même affaire de vente de titres adossés à des emprunts hypothécai­res, le départemen­t de la Justice a annoncé fin 2016 un accord à 7,2 milliards avec la banque allemande Deutsche Bank et à 5,28 milliards avec Credit Suisse. Quatre grandes banques américaine­s — JP Morgan Chase, Citigroup, Morgan Stanley et Bank of America — ont accepté de payer un montant cumulé de 40 milliards pour solder des poursuites liées aux RMBS.

Une autre grande banque britanniqu­e, RBS, attend encore de savoir à quelle sauce elle va être mangée dans cette affaire. La banque a mis de côté 4,4 milliards à la fin de 2017 pour faire face à une amende qui devrait être très lourde. L’établissem­ent, dont la majorité du capital est détenue par l’État britanniqu­e, a déjà versé 5,5 milliards à un régulateur américain du marché immobilier à ce sujet.

De leur côté, les autorités judiciaire­s new-yorkaises ont également engagé des poursuites dans le dossier des RMBS et infligé des pénalités financière­s à près de sept institutio­ns pour un total de près de 4 milliards.

La banque était accusée de «fraude» pour avoir vendu des produits financiers toxiques

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