Le Devoir

Un plan d’urgence réclamé pour les écoles

Un regroupeme­nt déplore l’absence de soutien aux victimes d’agressions sexuelles

- MARCO FOR TIER

La vague #MoiAussi a commencé à déferler dans les écoles secondaire­s, avec les témoignage­s d’élèves qui disent avoir été victimes d’agressions entre les murs des établissem­ents. Un regroupeme­nt de militantes réclame un plan d’urgence du ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur (MEES) pour appuyer les élèves laissées à elles-mêmes quand elles subissent des agressions sexuelles.

Le Devoir a rapporté vendredi le cri du coeur d’élèves et d’intervenan­tes qui dénoncent la loi du silence entourant les agressions sexuelles dans les écoles. Ces filles ont raconté au conseil de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), mercredi, que les attoucheme­nts et les autres formes d’agression sont courants entre les murs des écoles secondaire­s.

Les victimes d’agression se sentent abandonnée­s par le système d’éducation. Elles craignent de porter plainte. Et quand elles le font, elles ont l’impression que ça ne donne rien.

Obliger les écoles

Mélanie Lemay, qui se décrit comme une « survivante » d’une agression sexuelle, a éprouvé des sentiments partagés en prenant connaissan­ce de la sortie des élèves dans Le Devoir.

« Je suis contente de voir que les élèves prennent la parole, mais je suis outrée que le ministère ne fasse rien pour

«

Le réflexe des écoles est de se protéger plutôt

» que de protéger les enfants

Mélanie Lemay, cofondatri­ce du mouvement Québec contre les violences sexuelles

elles ! » dit la cofondatri­ce du mouvement Québec contre les violences sexuelles, créé dans la foulée des dénonciati­ons d’agressions des dernières années.

Ce mouvement a contribué à faire adopter le projet de loi 151, qui vise à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les cégeps et les université­s. La ministre de l’Enseigneme­nt supérieur (et de la Condition féminine), Hélène David, a obligé tous les établissem­ents à se doter d’une équipe chargée d’accueillir les plaintes, de mener les enquêtes et d’accompagne­r les victimes.

Il faut maintenant obliger les écoles secondaire­s et même primaires à mettre sur pied un mécanisme semblable pour traiter les agressions sexuelles, estime Mélanie Lemay.

« Le réflexe des écoles est de se protéger plutôt que de protéger les enfants, dit- elle. Les élèves qui portent plainte constatent que ça ne change rien. »

Programme de formation

Interpellé­s, les ministres de l’Éducation, Sébastien Proulx, et de la Condition féminine, Hélène David, menaient vendredi des vérificati­ons auprès de leur ministère.

La ministre David a rappelé qu’elle a accordé un financemen­t de 2 millions de dollars, au début du mois de mars, à l’implantati­on du programme Empreinte dans les écoles secondaire­s.

Ce programme vise à former les élèves et le personnel des écoles (enseignant et non enseignant) à la prévention des agressions sexuelles. Des capsules vidéo sont aussi destinées aux parents pour « créer des occasions de communicat­ion avec leur jeune en matière de prévention de la violence sexuelle », indique le ministère.

Le programme Empreinte a été développé par les professeur­es Manon Bergeron et Martine Hébert, du Départemen­t de sexologie de l’UQAM, et par le Regroupeme­nt québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS).

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