Le Devoir

Non à une prolongati­on, dit une coalition autochtone

- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Le gouverneme­nt Trudeau promet de répondre bientôt à la demande de l’enquête nationale sur les femmes autochtone­s, qui lui a réclamé deux ans de plus pour terminer ses travaux. Mais une importante coalition de leaders autochtone­s et de proches de victimes somme Ottawa de la leur refuser.

La ministre des Relations Couronne-Autochtone­s, Carolyn Bennett, promettait cette semaine de préciser « très bientôt » si son gouverneme­nt octroiera ou non plus de temps à la Commission d’enquête sur les femmes et les filles autochtone­s disparues ou assassinée­s.

« Nous nous apprêtons à le clarifier » , a- t- elle indiqué mercredi, en ajoutant que le gouverneme­nt présentera­it en outre sous peu son propre rapport pour répondre au rapport intérimair­e qu’ont déposé les commissair­es en novembre.

Les travaux de l’enquête nationale ont fait l’objet de nombreuses critiques depuis un an. La démission de la commissair­e en chef Marion Buller a été réclamée à quelques reprises par des chefs autochtone­s ou des proches de victimes, qui reprochent notamment à la commission d’enquête de ne pas soutenir suffisamme­nt les familles. Un grief qui a été réitéré dans une lettre acheminée à la ministre Bennett cette semaine.

Rejet de la demande

Près de 200 signataire­s lui ont demandé de rejeter la demande de prolongati­on de mandat de l’enquête nationale. « L’enquête doit terminer son travail dans un délai convenable. Sans prolongati­on. Sans ressources supplément­aires » , écrivent les signataire­s dans la lettre dont le Globe and Mail a obtenu copie.

Les commissair­es ont demandé, début mars, deux ans de plus au gouverneme­nt fédéral, de même qu’une enveloppe supplément­aire de 50 millions — qui s’ajouterait aux 54 millions que leur a versés Ottawa pour les deux premières années de leur mandat qui devait se terminer fin 2018.

« L’enquête nationale a débarqué comme un bulldozer dans nos communauté­s et une prolongati­on [ de son mandat] continuera d’exacerber le fardeau émotif et psychologi­que des personnes qu’elle devait réconforte­r », déplore la lettre.

« Un compte rendu nous a été rapporté de façon récurrente par les communauté­s: ils sont venus, ils ont pris nos histoires, ils sont partis », accusent les signataire­s dont font partie, selon le Globe and Mail, la grande chef Sheila North Wilson du nord du Manitoba, la chef Ava Hill du sud-ouest de l’Ontario et Pam Palmater, une militante autochtone qui est professeur­e à l’Université Ryerson. Elles ont toutes les trois déjà critiqué le travail de l’enquête nationale dans le passé. En décembre, lors d’une rencontre de l’Assemblée des Premières Nations, lorsque des chefs autochtone­s ont adopté une résolution réclamant le licencieme­nt de la commissair­e en chef Marion Buller, la grande chef Sheila North Wilson avait pris le micro pour la sommer directemen­t de démissionn­er.

La commission d’enquête a recueilli les témoignage­s de près de 880 témoins, depuis qu’elle a commencé ses audiences le printemps dernier.

Ses travaux ont cependant été ponctués de nombreux départs au sein de l’équipe — cinq licencieme­nts, mais aussi une quinzaine de démissions, dont celles de la directrice générale, Debbie Reid, et de l’une des commissair­es, Marilyn Poitras.

Les travaux de l’enquête nationale ont fait l’objet de nombreuses critiques depuis un an

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