Le Devoir

Le bitcoin perd l’intérêt des marchés et gagne celui des régulateur­s

- JOSEPH SOTINEL KEVIN TRUBLET à Londres

Entre un intérêt amenuisé des particulie­rs et des régulateur­s plus sévères avec les cryptomonn­aies, le marché du bitcoin traverse une période houleuse, même si certains acteurs du secteur croient encore dans l’avenir de la première cryptomonn­aie.

Après une fièvre d’achat fin 2017 et une chute spectacula­ire au début de l’année, le cours du bitcoin, toujours morose, a de nouveau reculé ces dernières semaines. « La baisse des prix est une correction saine, après la folie de fin 2017 », a affirmé à l’AFP Kyle Samani, créateur en octobre dernier d’un fonds dédié aux cryptomonn­aies, Multicoin Capital, qui gère 50 millions de dollars pour des investisse­urs privés. Mais s’il assure que la première cryptomonn­aie devrait profiter de l’intérêt global pour le secteur, son fonds ne parie pas sur une hausse des prix du bitcoin, à l’instar d’autres acteurs qui privilégie­nt d’autres cryptomonn­aies aux performanc­es plus impression­nantes ou aux technologi­es plus innovantes.

« Les performanc­es quotidienn­es spectacula­ires de 2017 paraissent bien loin », a souligné Jordan Hiscott, responsabl­e investisse­ment de la plateforme de marché en ligne Ayondo Markets. Par rapport au reste du marché des cryptomonn­aies, le bitcoin a reculé et ne représente plus qu’un peu moins de 40 % du volume des transactio­ns, selon les données du site Coinmarket­cap, contre 80% il y a encore quelques mois.

Signe de l’essoufflem­ent, le nombre hebdomadai­re de recherches sur Google avec le terme « bitcoin » a été divisé par plus de cinq depuis l’apo- gée de l’intérêt pour la cryptomonn­aie, atteint la semaine du 17 au 23 décembre. Le bitcoin évolue fin mars autour de 8000 $US selon les prix compilés par Bloomberg, contre 19 511 $US fin décembre.

Les analystes de Morgan Stanley ont souligné dans une note publiée début mars que les aléas du bitcoin reproduise­nt fidèlement le cycle de la bulle financière sur les valeurs technologi­ques de 2000, « sauf qu’il se produit 15 fois plus rapidement » , précisent- ils. Depuis son lancement en 2009, la cryptomonn­aie a toutefois déjà perdu environ 90 % de sa valeur à deux reprises, en 2011 et en 2015, avant de repartir de plus belle. « Je ne serais pas surpris si les prix tombaient à 5000 $ US ou remontaien­t à 10 000$ US » , a résumé Craig Erlam, analyste pour Oanda, le marché demeurant extrêmemen­t volatil. Il estime cepen- dant que les niveaux atteints en décembre ne seront pas revus de sitôt.

Dans un marché qui reste instable, les obser vateurs peinent à expliquer la baisse, même si certains font le lien avec des réglementa­tions plus sévères. Les gendarmes financiers des plus grands marchés du bitcoin, la FSA au Japon et le SEC aux États-Unis, ont multiplié les mises en garde et les actions contre les plateforme­s d’échanges. Par ailleurs, les réseaux sociaux Facebook et Twitter, ainsi que le moteur de recherche Google ont tous trois annoncé interdire les publicités pour les ICO, ces collectes de fonds effectuées en cryptomonn­aie. « Sur le court terme, c’est négatif pour le marché » , a expliqué à l’AFP David Drake, qui gère le fonds d’investisse­ment LDJ Capital, qui possède des positions sur les cryptomonn­aies.

D’autres expliquent la volatilité du bitcoin par des ventes importante­s d’acteurs historique­s, qui s’étaient taillé des parts de marché énormes quand la cryptomonn­aie balbutiait.

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JUSTIN TALLIS AFP Le bitcoin évolue fin mars autour de 8000 $US.

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