Québec va bientôt émettre des obligations en Chine
Les Chinois ont soif de titres d’emprunt provenant de sources solides, selon Carlos Leitão
Le
gouvernement du Québec est sur le point d’émettre des obligations sur le marché chinois, où les investisseurs souhaitent de plus en plus acquérir des titres d’emprunt étrangers.
Dans une entrevue accordée à l’agence Bloomberg, le ministre des Finances, Carlos Leitão, va beaucoup plus loin que la simple « exploration » dont il a été question dans son budget déposé mardi.
La vente d’ « obligations panda » , expression qui désigne les obligations émises en renminbis par des entités étrangères, « aura lieu à court terme » , a dit M. Leitão dans l’entrevue publiée jeudi. « Ce n’est pas une question d’années, mais de trimestres. »
Les Chinois « sont très intéressés à recevoir des émetteurs de notre qualité » , a ajouté M. Leitão. « La Colombie-Britannique est déjà là, et ils veulent encore plus d’émetteurs de notre calibre. Nous croyons que le marché obligataire chinois va croître rapidement. Ça nous donnera une autre avenue pour les cinq, dix et quinze prochaines années. »
Première province canadienne à s’aventurer sur le marché chinois en 2016, la Colombie- Britannique y a émis des obligations totalisant 665 millions, à échéance de trois ans au taux d’intérêt de 2,95 %. En novembre 2017, la province a répété l’opération, mais en diminuant les sommes en jeu. Cette deuxième émission, à échéance de trois ans au taux de 4,8%, était de 192,5 millions.
Un gouvernement étranger qui veut solliciter l’argent des investisseurs chinois doit au préalable obtenir les autorisations nécessaires de Pékin. Les premières émissions d’obligations étrangères en Chine ont eu lieu en 2005. Elles ont été effectuées par la Société financière internationale ( Banque mondiale) et la Banque asiatique de développement.
Lors de son annonce en novembre, le gouvernement de la Colombie-Britannique a dit que sa présence sur le marché chi- nois permettait d’améliorer sa propre visibilité, ce qui finira par rejaillir sur les entreprises de la province. « Le fait de récolter des capitaux dans le marché chinois renforce notre profil commercial et financier dans le monde », a dit la ministre des Finances, Carole James. « La diversification de nos relations commerciales et financières, de même que nos exportations, peut se traduire par des emplois ici pour les entreprises de la Colombie-Britannique. »
La Colombie- Britannique a aussi réfléchi à l’idée d’émettre des « obligations masala », qui sont émises à l’extérieur de l’Inde mais en roupies. Quant aux opérations de financement sur le marché japonais, ce qu’ont fait Starbucks et Wal- Mar t, par exemple, elles donnent lieu à des « obligations samouraï ».
Bonne année 2017-2018
Le gouvernement québécois, qui a récemment fait le point sur ses emprunts, a effectué un retour sur le marché britannique l’an dernier avec une première émission en livres sterling depuis 1996.
Son année 2017-2018 à l’étranger, indique le dernier budget, a été « une autre année exceptionnelle après 2016-2017 ». « D’excellentes occasions se sont présentées, en particulier sur le marché européen, où le Québec a réalisé la plus impor tante émission en euros de son histoire (2,25 milliards d’euros). »
Les nouveaux emprunts du Québec ont atteint 17,9 milliards de dollars canadiens en 2017- 2018. Environ le tiers des emprunts à long terme comportent une échéance de moins de 10 ans, alors que la moitié est remboursable dans 10 ans précisément. Les obligations de plus de 30 ans ne représentent que 15 % des emprunts. De manière générale, l’échéance moyenne des emprunts déjà contractés est de 11 ans, a indiqué le budget déposé mardi.
La majeure partie des obligations émises le sont en dollars canadiens.