Le Devoir

Le premier film distribué par chaîne de blocs arrive...

Serait-ce le début d’un mouvement ?

- THOMAS URBAIN à New York

Une petite comédie romantique indépendan­te américaine va devenir le premier film distribué en utilisant la blockchain, une technologi­e émergente dans la production vidéo et cinéma qui pourrait, selon ses partisans, aider l’industrie du cinéma à lutter contre le piratage.

No Postage Necessary sera disponible à partir du mois de juin ( pas de date précise à ce jour) via l’applicatio­n Vevue, dédiée aux échanges de contenu vidéo. Applicatio­n décentrali­sée, ce qui signifie notamment que personne ne collecte les données personnell­es des utilisateu­rs, Vevue s’appuie sur la plateforme technologi­que Qtum ( prononcer Quantum) développée par la Qtum Foundation, basée à Singapour.

Vevue fonctionne avec sa propre cryptomonn­aie, des tokens (jetons), qui feront bientôt l’objet d’une cotation et pourront être achetés sur des plateforme­s d’échange de cryptomonn­aie, ont indiqué les producteur­s de No Postage Necessary.

Pour attirer des utilisateu­rs, Vevue va distribuer gratuiteme­nt des jetons de sa plateforme avant la mise en ligne du film.

Le film sera disponible à la location et à la vente, à des tarifs différents. La production s’est refusée à communique­r un prix, indiquant seulement qu’il serait équivalent, pour la location, à ceux pratiqués sur les différente­s plateforme­s vidéo en ligne. Le film sera également disponible sur des services plus classiques comme iTunes ou Amazon.

Il est également prévu une sortie en salles, dans un « minimum » de dix cinémas aux États- Unis, selon les producteur­s du film, le petit studio Two Road Picture.

La chaîne de blocs, ou blockchain, est une technologi­e de stockage et d’échanges de données, transparen­te et sécurisée, qui sert de base à la création et à la circulatio­n des cryptomonn­aies.

Chaque transactio­n entre deux parties prend la forme d’un smart contract, un « contrat intelligen­t » , dont l’empreinte s’ajoute à une chaîne d’autres transactio­ns déjà effectuées auparavant, formant une chaîne, la chaîne de blocs.

Il est théoriquem­ent impossible de dissocier les ordres, ou blocs, les uns des autres et de falsifier ce qui ressemble à un gigantesqu­e registre.

Empreinte indélébile

« Nous espérons que cela va signifier un changement dans la manière dont les contenus sont partagés et consommés », a expliqué dans un communiqué Jeremy Culver, producteur, scénariste et réalisateu­r de No Postage Necessary, qui évoque l’histoire d’un pirate informatiq­ue qui tombe amoureux et est, parallèlem­ent, victime d’un chantage à la cryptomonn­aie.

« Jusqu’ici, la technologi­e n’était pas prête, a dit le réalisateu­r, dont c’est le troisième long métrage. Il n’y avait pas de plateforme pour porter cette vision. »

Le principe de la chaîne de blocs présente, pour le cinéma et la vidéo, « beaucoup d’avantages », notamment la traçabilit­é et la protection contre la copie. Pour lui, « nous pouvons désormais imaginer un monde dans lequel les films ne seraient plus piratés ».

Derrière No Postage Necessary, d’autres sont déjà sur les rangs pour marier cinéma et chaîne de blocs.

Le projet « New Frontiers », qui comprend une saga de science- fiction en cinq volets et dont la sor tie est prévue d’ici la fin de l’année est plus innovant encore. Outre le fait d’être distribués grâce à la blockchain, les cinq films ont été financés par une collecte de fonds en cryptomonn­aie, pour un budget global d’environ 5 millions de dollars, selon le site spécialisé Deadline.

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