Michel Foucault en trois mots et deux choses
Micro-pouvoirs : Pour Michel Foucault, les rapports de pouvoirs sont au centre de la construction des identités, pouvoirs qui disciplinent les corps afin de normaliser les conduites. Et pas juste le pouvoir d’État ou politique, mais aussi les pouvoirs des parents, des professeurs, des médecins et même des discours, qu’il juge « productifs » , mais tout aussi contraignants, en les qualifiant de micro- pouvoirs.
Soi : Se gouverner soi- même en ayant le souci de soi. Voilà une idée forte de Michel Foucault. « Il faut que le sujet tout entier se tourne vers lui- même et se consacre à lui- même » , écrit- il dans L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France ( 1981- 1982). Ce souci de soi est une façon de mieux se connaître, de se former comme sujet, de se corriger, mais aussi de construire sa vie, comme l’on construit une oeuvre.
Surveillance : En 1975, dans Surveiller et punir, Michel Foucault remonte aux fondements historiques de la prison pour autopsier la construction sociale et « biopolitique » de la culpabilité et de la morale. Entre autres. Étrangement, ou pas, ce territoire de normalisation permet aujourd’hui de poser un regard critique sur notre socialisation numérique.
La mort de l’homme : En 1966, Michel Foucault publie Les mots et les choses, dont le succès sort des petits cercles intellectuels en créant la polémique. La raison est simple : dans la foulée de Nietzsche, qui a évoqué la mort de Dieu, le jeune philosophe, lui, annonce « la mort de l’homme » . De l’anti- humanisme ? Pas tant ! Surtout une volonté de montrer que les mots — ici le mot « homme » — que nous utilisons ont une histoire qu’il faut aussi appréhender.
Du sida à Aides : Michel Foucault est mort le 25 juin 1984, atteint du sida, une maladie que l’on commençait alors à peine à nommer. La difficulté à mettre des mots clairs sur ce décès a incité son compagnon, le sociologue Daniel Defert, à créer cette année- là Aides, Association française de lutte contre le VIH, un « lieu de réflexion, de solidarité et de transformation » , dont la mission résume parfaitement la pensée de son homme.