Zombies sur les plaines d’Abraham
Alors qu’Harry et sa nouvelle amie Juliette déambulent dans les rues du Vieux-Québec, ils croisent un homme étrange qui porte un « costume [ de soldat] couvert de boue et de sang séché ». Sans le savoir, ils viennent de rencontrer un de ces nombreux revenants français de retour sur les champs de bataille pour venger la défaite des plaines d’Abraham. S’amorce alors une chasse au trésor dans la vieille ville pour retrouver la formule incantatoire — cachée depuis des générations — qui saura retourner ces zombies du côté de la mort. Projet pour le moins complexe qu’a légué Andrew à son fils juste avant de décéder.
L’aventure entreprise par les jeunes permet une visite guidée de la ville à travers ses bâtiments, ses statues, ses lieux et ses faits inusités riches en anecdotes. Mais la quête sert en réalité de prétexte pour raconter la querelle entre les Anglais et les Français et pour valoriser leur union. Quête qui traîne en longueur en raison de descriptions souvent futiles et d’analepses nous replongeant dans un passé fictif pour relater quelques cas de zombification.
Dans un style convenu, Louis Laforce prêche par excès de neutralité. Les personnages principaux sont respectivement issus d’une famille anglaise et française. Leur bilinguisme transparaît ainsi à travers leurs dialogues, qui sont ponctués d’expressions anglaises. La formule magique mettant fin à la querelle est par ailleurs scandée dans les deux langues. Et enfin, Harry, en jeune homme impartial, se distancie des chicanes entourant la langue, qui lui semblent, dit-il, d’un autre temps. Il se réclame plutôt citoyen du monde.
Si le roman laisse place à une visite guidée de la ville minutieusement décrite, la volonté d’éduquer et, pire, de porter un regard politiquement correct sur ces enjeux culturels et politiques que sont la langue et la culture a, tout compte fait, pour effet d’édulcorer les fondements de notre histoire.