Le Devoir

Difficile de faire une place à Carey Price parmi les légendes du Canadien?

- ALEXIS BÉLANGER-CHAMPAGNE

Carey Price a égalé le record de Jacques Plante en participan­t à un 556e match dans l’uniforme tricolore, dimanche. Mais Price mérite-t-il déjà une place parmi les légendes du Canadien après 11 saisons ?

Ses coéquipier­s ne manquent jamais de qualificat­ifs quand ils parlent de lui, mais que disent les chiffres ?

«Je crois qu’on peut l’inclure parmi les plus grands de tous les temps, a affirmé l’attaquant Daniel Carr après la défaite de 2-1 du Canadien face aux Devils du New Jersey, dimanche soir. Je l’affronte tous les jours à l’entraîneme­nt, et peut-être que mon opinion est un peu partiale, mais nous blaguons toujours en disant qu’un joueur qui marque contre Price devrait demander de garder la rondelle. »

Si Price a rejoint Plante au chapitre des matchs disputés, il traîne encore la patte du côté des victoires. Price en compte 286 et se retrouve au troisième rang dans l’histoire du Canadien, derrière Plante (314) et Patrick Roy (289).

Huit saisons de plus

Âgé de 30 ans et sous contrat avec le Canadien pour encore huit saisons, Price devrait pulvériser cet autre record de Plante lors de la prochaine campagne, ou encore lors de la suivante.

Plante a obtenu 28 victoires de plus que Price dans un nombre égal de parties disputées. De son côté, Roy a accumulé ses 289 victoires en 551 matchs, soit trois victoires de plus que Price en cinq matchs de moins. Sans son divorce avec la Sainte-Flanelle en décembre 1995, Roy aurait fort probableme­nt réécrit le livre des records du Canadien. De plus, Roy et Price ont pu accumuler les victoires à un rythme plus rapide que Plante en raison de l’ajout de la prolongati­on après 60 minutes de jeu en 1983. C’est encore plus vrai dans le cas de Price, qui joue à une époque où les matchs nuls n’existent plus.

Il ne faut pas non plus oublier Ken Dryden, qui a signé 258 victoires en seulement 397 rencontres avec le Canadien pendant l’époque glorieuse des années 1970.

Dryden et Plante ont aussi un avantage au chapitre des Coupes Stanley remportées, avec six chacun. Roy a guidé le Canadien vers ses deux plus récentes conquêtes de la Coupe Stanley en 1986 et en 1993. Pour ce qui est de Price, les partisans attendent toujours qu’il remplisse cette promesse.

«La ligue a tellement changé et le style de jeu a aussi évolué, a rappelé le défenseur Noah Juulsen. C’est difficile de comparer les époques. Mais [Price] mérite une place assez haute dans la liste, et il jouera encore beaucoup de matchs dans sa carrière. Il a tout gagné, sauf la Coupe Stanley. »

Dans une ligue à 31 équipes, comparativ­ement à six lors des débuts de Plante et de 14 à 18 équipes pendant les années de Dryden, il est difficile de comparer la taille du défi devant Price pour remporter les grands honneurs de nos jours. De plus, Plante avait besoin de huit victoires en séries éliminatoi­res pour gagner la Coupe Stanley et Dryden, 12. Aujourd’hui, Price devra aider le Tricolore à signer 16 victoires pour soulever le prestigieu­x trophée.

Séries

Toutefois, si l’on compile plutôt les séries remportées au cours desquelles les gardiens ont signé au moins trois des quatre victoires, Price affiche aussi un retard considérab­le sur les légendes du Tricolore. Price n’a gagné que quatre séries, comparativ­ement à 12 pour Plante, 16 pour Roy et 19 pour Dryden.

Et les statistiqu­es comme la moyenne de buts alloués et le taux d’efficacité ne servent pas vraiment d’indicateur­s en raison de l’évolution de la LNH. La moyenne de 3,05 affichée par Price cette saison le classe au 42e rang parmi les gardiens qui ont disputé au moins 25 rencontres. Elle aurait toutefois été cinquième avec le même critère en 1992-1993 lors de la dernière conquête de la Coupe Stanley du Canadien, et la 14e meilleure en 1970-1971 lors de la saison du premier triomphe de Dryden.

« Entendre son nom dans la même phrase que ces légendes, c’est une belle leçon d’humilité. […] Quand tu es repêché, tu ne sais pas comment ta carrière va se dérouler, a affirmé Price. Je suis fier d’avoir porté les couleurs du Canadien aussi longtemps. »

Le palmarès internatio­nal de Price est indéniable avec des victoires au Championna­t du monde junior, aux Jeux olympiques et à la Coupe du monde, mais il serait difficile présenteme­nt de lui donner une place parmi les légendes du Canadien en raison de son manque de succès en séries éliminatoi­res. S’il reste toutefois avec l’équipe jusqu’à l’échéance de son contrat en juillet 2026 et qu’il accumule les victoires en séries — sans nécessaire­ment remporter la Coupe Stanley —, il sera peut-être alors plus difficile de priver le no 31 d’une place dans les hauteurs du Centre Bell quand Price raccrocher­a ses patins.

«Entendre son nom dans la même phrase que ces légendes, c’est une belle leçon d’humilité. […] Quand tu es repêché, tu ne sais pas comment ta carrière va se dérouler. Je suis fier d’avoir porté les couleurs du Canadien aussi longtemps. »

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Le palmarès internatio­nal de Price est indéniable, mais il serait difficile présenteme­nt de lui donner une place parmi les légendes du Canadien.

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