AUJOURD’HUI
L’ancien journaliste devenu politicien dit avoir « un vieux fond de gauche »
Actualités › Gabriel Nadeau-Dubois surpris. Vincent Marissal confirme sa candidature pour Québec solidaire. L’indigné. La chronique de Michel David.
Gabriel Nadeau-Dubois dit avoir été le premier surpris lorsque l’ex-chroniqueur politique Vincent Marissal l’a contacté l’été dernier pour porter les couleurs de Québec solidaire dans Rosemont.
«Quand on se prépare à une campagne électorale, on fait des listes — tous les partis le font — pour savoir qui on pourrait [sonder]. Vincent Marissal n’était pas sur notre liste. Je ne me doutais pas qu’il était aussi proche de nous politiquement et idéologiquement. C’est probablement la preuve qu’il a bien fait son travail de journaliste. Ça a été une belle surprise», a répondu le co-porte-parole de QS pendant la conférence de presse visant à confirmer la candidature de Vincent Marissal dans Rosemont.
C’était en juin dernier. Gabriel Nadeau-Dubois était en train d’aménager son bureau de circonscription quand il a reçu un coup de fil qui allait changer le cours de la prochaine campagne électorale. «C’était Vincent Marissal, raconte Gabriel Nadeau-Dubois. Il me disait : “Gabriel, je viens de quitter La Presse, j’ai envie de faire quelque chose d’utile, j’ai envie de faire de la politique. Québec solidaire, ça me ressemble et j’habite dans Rosemont. Qu’est-ce que tu en penses?” J’ai dit: on va commencer par aller prendre une bière et on va jaser de ça. »
Dans ce dialogue, qui s’est déroulé sur plusieurs mois, l’ancien leader étudiant, élu sous la bannière solidaire dans Gouin en 2017, dit avoir découvert «un homme guidé par une indignation réelle envers ce que le Québec est en train de devenir, un homme guidé non pas par une envie de faire carrière, mais par une envie de changer les choses, un homme guidé par ses principes ».
Nerveux, avec des «papillons dans le ventre», Vincent Marissal s’est présenté «de l’autre côté du lutrin» mardi pour tenter de défendre ses véritables couleurs, qu’il a gardées pour lui pendant toutes ces années. «Je porte au fond de moi une profonde et réelle indignation que ma nouvelle vie me permet maintenant d’exprimer et de traduire en actions politiques. Et j’en suis très heureux. »
Il se dit indigné «devant les discours qui veulent faire passer l’austérité pour de la saine gestion budgétaire». Indigné «devant le refus net de débattre d’un salaire minimum décent ou de la gratuité scolaire». Les raisons de son indignation sont «multiples», dit-il.
«J’ai un vieux fond de gauche que vous allez apprendre à découvrir, que j’ai peut-être caché un peu dans mes chroniques », répond-il.
Souveraineté
Vincent Marissal affirme être indépendantiste depuis longtemps. «En octobre 1995, j’ai voté oui, avec fébrilité, convaincu comme tant d’autres que nous étions aux portes de quelque chose d’important.»
Questionné sur des commentaires datant d’il y a quelques années, où il affirmait que le mouvement souverainiste était dépassé, il répond qu’il ne faisait que son travail d’analyste politique. «Je n’ai pas changé d’idée, j’ai changé de métier», affirme-t-il.
Il dit adhérer à la proposition de QS de «relancer le mouvement souverainiste sur d’autres bases », dans le but de « redonner ce grand projet à la population», et répète que le Québec peut tirer « de précieuses leçons » de la Catalogne.
Rosemont
L’ex-chroniqueur, qui a quitté La Presse + en mai dernier, sait que les prochains mois seront difficiles et que «ce ne sera pas une promenade dans le parc».
«On va se le dire, la pente est raide, il y a beaucoup de travail à faire, avoue-t-il. Mais moi, ça me motive encore plus que d’aller avec un parti qui serait premier dans les sondages ou qui a le vent dans les voiles en ce moment. De toute façon, vous savez, le vent, des fois ça vire de bord. »
Pourquoi Rosemont? «La raison est toute simple: Rosemont, c’est chez moi», répond le nouveau politicien.
La semaine dernière, son futur adversaire, Jean-François Lisée, l’accusait de diviser le vote souverainiste en se présentant dans cette circonscription. Mais Vincent Marissal refuse de s’en laisser imposer. « Il y a quelque chose d’un peu méprisant pour les électeurs de Rosemont et d’ailleurs aussi que de dire que la seule chose utile qu’on peut faire au Québec, c’est de voter PQ pour chasser les libéraux. Le PQ, il est revenu au pouvoir après des années de disette, ça a duré 18 mois et il s’est fait sortir cul par-dessus tête par les libéraux. »
Aux dernières élections, QS est arrivé troisième dans Rosemont. Le chef du PQ avait obtenu la majorité devant le Parti libéral, avec un peu moins de 1600 votes.
« Moi, je me présente pour gagner, soyons clairs. Je ne veux pas diviser le vote, je veux recueillir le vote », lance-t-il sur un ton de défi.