Le Devoir

TRUMP OPPOSERA SES SOLDATS AUX MIGRANTS

Le président américain s’est prononcé contre l’entrée d’un convoi de migrants qui avance vers le pays depuis l’Amérique centrale

- IVAN COURONNE à Washington SOFIA MISELEM à Mexico

Le président américain, ulcéré après avoir vu des images d’une caravane de migrants partis d’Amérique centrale pour rejoindre les États-Unis, a indiqué qu’il enverrait l’armée protéger sa frontière avec le Mexique en attendant la constructi­on de son mur.

Le président américain, Donald Trump, a assuré mardi qu’il enverrait des soldats protéger la frontière sud des ÉtatsUnis, rendue poreuse selon lui par le laxisme des autorités mexicaines et les décisions délibérées de son prédécesse­ur, Barack Obama.

«Jusqu’à ce que nous ayons un mur et une sécurité adéquate, nous allons protéger notre frontière avec notre armée, c’est un grand pas. Nous ne l’avons jamais fait auparavant, en tout cas pas beaucoup», a déclaré M. Trump en marge d’une rencontre avec les trois dirigeants des États baltes à la Maison-Blanche.

L’ambassadeu­r du Mexique aux États-Unis a immédiatem­ent fait savoir qu’il avait demandé des explicatio­ns aux autorités américaine­s. «Nous partageons le but d’une frontière sûre, mais nous ne sommes pas toujours d’accord sur la façon

de l’atteindre», a déclaré Gerónimo Gutiérrez.

Selon une loi de 1878, l’armée ne peut généraleme­nt pas intervenir sur le territoire américain dans un but pur de maintien de l’ordre ou d’applicatio­n des lois; mais elle peut jouer un rôle d’assistance et de soutien, notamment pour contrôler la frontière.

La Garde nationale, un corps de réserve de l’armée américaine, est intervenue à la frontière en 2010, sur ordre de Barack Obama, ainsi qu’en 20062008 (sous George W. Bush).

Le dirigeant républicai­n fait monter la pression depuis le week-end dernier sur le Mexique et le Congrès américain pour qu’ils agissent chacun afin d’empêcher l’arrivée de clandestin­s aux États-Unis — un regain d’intérêt déclenché par les images d’une caravane de migrants d’Amérique centrale, principale­ment honduriens, déterminés à rejoindre les États-Unis et se trouvant pour l’instant dans le sud du Mexique.

Ils ne sont qu’un millier environ, mais ont déjà provoqué plusieurs tweets et diatribes du milliardai­re. M. Trump estime qu’il revient au Mexique de les arrêter, car les lois mexicaines sont, selon lui, plus strictes que la législatio­n américaine.

Législatio­n critiquée

Il a mis la renégociat­ion du traité de libre-échange nordaméric­ain dans la balance… et s’est félicité que le Mexique ait apparemmen­t agi à sa demande: «Je crois qu’ils le font. En tout cas, il y a douze minutes, [la caravane] était en train d’être démantelée. »

Il a en outre accusé Barack Obama d’avoir «fait des changement­s ayant tout simplement conduit à une absence de frontière», sans qu’on sache à quoi il faisait allusion. Mais il a souvent accusé le président démocrate de laxisme dans l’applicatio­n des lois migratoire­s.

Il veut aussi que le Congrès affaibliss­e les droits des réfugiés et des migrants. Le républicai­n se plaint de la pratique consistant à relâcher les clandestin­s interpellé­s, le temps d’attendre leur comparutio­n devant un tribunal, ce qui peut prendre des mois, voire des années.

«Nous avons besoin d’un mur qui mesure 1100/1300 kilomètres» le long de la frontière, a-t-il conclu. Actuelleme­nt, seules quelques centaines de kilomètres de la frontière de près de 3200km sont sécurisées par une forme ou une autre de clôture. Mais le Congrès a jusqu’à présent refusé de dégager les crédits nécessaire­s à l’érection du grand mur en béton voulu par le milliardai­re.

Migration humanitair­e

La caravane de migrants, qui se déplace en autobus voyageurs, était organisée par une ONG, qui avait déjà fait de même les années précédente­s. Elle est partie le 25 mars de Tapachula, à la frontière du Guatemala. Elle inclut des femmes, des enfants et des personnes âgées, et se trouve depuis le début de la semaine à Matias Romero, au coeur d’une région montagneus­e de l’État d’Oaxaca.

Leur objectif est d’entrer aux États-Unis, mais un dialogue semble s’être installé entre les militants des droits de la personne et les autorités migratoire­s mexicaines (INM).

« Aujourd’hui [lundi], nous avons rencontré la délégation de l’INM qui a proposé certaines mesures, comme des visas humanitair­es ou des permis de libre circulatio­n», a déclaré à l’AFP un membre de l’ONG Coordinati­on des peuples sans frontières.

Selon ce militant, les autorités mexicaines n’ont pas fait obstacle à la progressio­n du groupe même si la rencontre avec l’INM avait des allures de mise en garde, a-t-il dit.

 ?? VICTORIA RAZO AGENCE FRANCE-PRESSE ??
VICTORIA RAZO AGENCE FRANCE-PRESSE

Newspapers in French

Newspapers from Canada