Le Devoir

Arts visuels La Biennale de Montréal déclare faillite

Au pied du mur, les administra­teurs ferment les livres devant l’ampleur du déficit

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

L’issue était incontourn­able, il ne manquait que la date: le 9 février dernier, la Biennale de Montréal a déclaré faillite, étouffée par une dette de 230 700 $.

Une trentaine de créanciers sont touchés par la faillite de l’événement d’art visuel. Les sommes dues vont de quelques centaines de dollars à plus de 86 000$ — pour la compagnie Pacart, spécialisé­e en transport d’oeuvres d’art.

Dans un rapport aux créanciers daté du 28 février, le syndic détaille ainsi les causes de la faillite: «Selon la direction, le domaine de la philanthro­pie est très compétitif et les causes nécessitan­t du soutien sont nombreuses. Le financemen­t pour la production d’événements dont les coûts sont fixes représente donc un défi important.»

Il ajoute que «dans les mois précédant la faillite, [la Biennale] était dans l’incapacité de générer les produits nécessaire­s au soutien de [ses] événements par les campagnes de financemen­t et les démarches personnali­sées, notamment en raison des coûts élevés pour perpétuer ceux-ci. »

En bref: le plan d’affaires ne fonctionna­it pas, et le projet coûtait trop cher.

Les créanciers pourraient recouvrer une partie des sommes dues. «Le syndic est d’avis qu’une distributi­on aux créanciers est probable», lit-on dans le document.

Moins de 4,5%

Si c’est le cas, ce seront des sommes minimes. En janvier,

Le Devoir rapportait que la direction de la Biennale avait transmis aux créanciers une propositio­n de remboursem­ent couvrant 4,5% des sommes qui leur étaient dues.

La lettre envoyée aux créanciers soutenait que «cette solution à l’amiable [leur serait] plus avantageus­e qu’un processus formel d’insolvabil­ité, dont le coût diminuerai­t d’autant les montants» à recevoir. Le document précisait que «l’accord de tous les créanciers est requis afin de pouvoir procéder au paiement ».

Or, deux des plus importants créanciers avaient aussitôt rejeté la propositio­n. Le président de Pacart, Pierre Béchard, s’était dit «dégoûté de la façon dont [sont] traités les fournisseu­rs dans cette affaire », et jugeait la propositio­n «malhonnête».

Mardi, M. Béchard ajoutait que le dossier souligne à son avis les «lacunes de gestion de la part d’un conseil d’administra­tion bien naïf, bien que ses administra­teurs soient des profession­nels dans divers domaines. »

Défense

Le président du conseil d’administra­tion de la Biennale, Cédric Bisson, a plusieurs fois défendu la gestion du conseil

dans cette histoire. «On a fait tout ce qu’on a pu, disait-il en janvier. Dès qu’on a su [qu’il y avait un problème], on a agi. Mais il était rendu trop tard. On a fait tous les suivis qu’on pouvait, mais le conseil ne peut réagir que sur l’informatio­n qu’il reçoit. »

Quelques mois plus tôt, M. Bisson avait expliqué le déficit de l’événement par des revenus plus faibles, des dépenses imprévues… et par la gestion «perfectibl­e» de l’administra­tion précédente. La directrice générale et artistique de l’événement, Sylvie Fortin, a quitté ses fonctions en janvier 2017.

M. Bisson n’a pas rappelé Le Devoir mardi.

La Biennale a été mise en place en 1998 par le Centre internatio­nal d’art contempora­in de Montréal. Celui-ci a produit les sept premières éditions. La Biennale de Montréal s’est transformé­e en organisme à but non lucratif indépendan­t en 2013.

Un partenaria­t avec le Musée d’art contempora­in de Montréal avait été signé pour la présentati­on de trois événements — celui prévu en 2018 avait été annulé dès l’été dernier.

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VG BILD-KUNST La Berlinoise Isa Genzken est l’une des figures internatio­nales qui ont participé à l’événement.

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