Le Devoir

La Pocatière décroche un contrat de modernisat­ion pour VIA Rail

L’annonce permet de conserver entre 80 et 100 emplois, selon la direction de Bombardier

- FRANÇOIS DESJARDINS

Au moment où les travailleu­rs de Bombardier à La Pocatière s’inquiètent de voir le carnet de commandes s’amincir avec la fin des voitures AZUR, le contrat annoncé mardi par Ottawa et VIA Rail permettra de préserver une centaine d’emplois, estime l’entreprise.

Le contrat de 54 millions, qui fait suite à un appel d’offres, porte sur la modificati­on de 17 voitures de train assemblées dans les années 1950 afin d’en améliorer l’accessibil­ité. Les travaux, sur deux ans, incluent par exemple l’installati­on de deux élévateurs par voiture, de même qu’une toilette accessible et des espaces munis de systèmes d’ancrage.

L’avenir de l’usine de La Pocatière, où travaillen­t environ 600 personnes, s’est passableme­nt embrouillé depuis que Bombardier a été écarté des contrats pour construire le futur Réseau express métropolit­ain (REM), un mégaprojet de 6,3 milliards auquel participer­ont plutôt Alstom et SNC-Lavalin.

L’annonce du contrat de VIA Rail a été faite à La Pocatière en compagnie du ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, le p.-d.g. du transporte­ur ferroviair­e, Yves Desjardins-Siciliano, et des dirigeants de Bombardier.

«Au début des années 1980, nous avons fabriqué ici une centaine de voitures LRC», a dit David Van der Wee, p.-d.g. de Bombardier Transport Amérique. L’obtention du contrat « illustre notre volonté de pérenniser notre usine au coeur de l’écosystème du rail de Bombardier au Québec», a-t-il dit. «Dans le contexte actuel, c’est un pas dans la bonne direction. »

Le contrat s’échelonner­a sur environ deux ans. Au plus fort de l’activité, c’est «entre 80 et 100 emplois qui seront sauvegardé­s», a ajouté M. Van der Wee, qui a fait valoir les retombées pour des entreprise­s locales.

Quand Bombardier a été écarté de la constructi­on du REM et du matériel roulant, le président du syndicat de l’usine avait affirmé à Radio-Canada que l’établissem­ent était à risque de perdre des emplois et que le REM aurait renforcé ses assises «à long terme». Un porteparol­e de Bombardier avait indiqué au Devoir le 8 février qu’«à partir d’aujourd’hui, le carnet de commandes de La Pocatière porte sur 12 mois, jusqu’en 2019, mais après ça, c’est zéro».

Le rôle de la STM

Dans les semaines qui ont suivi, une des hypothèses éventées dans les médias mentionnai­t la possibilit­é de devancer le renouvelle­ment de la flotte des voitures MR-73, actuelleme­nt prévu pour 2036. Car en 2014, la STM avait indiqué qu’elle allait simplement prolonger leur durée de vie de 20 ans plutôt que de les remplacer.

Lors d’une visite à Washington, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a confirmé cette hypothèse concernant l’achat de rames. «Sans aller plus loin, je dirais aujourd’hui que c’est une hypothèse fort intéressan­te», a-t-il dit, selon des propos cités par La Presse canadienne. «D’ailleurs, j’ai appelé la mairesse [Valérie] Plante à cet effet. Pourquoi? Parce que l’usine de La Pocatière est faite pour ça. Alors, le temps de transition serait minimisé, je ne dis pas qu’il n’y aurait pas de temps de transition.»

VIA Rail a par ailleurs annoncé il y a deux semaines un financemen­t fédéral devant lui permettre de renouveler la flotte avec laquelle le transporte­ur dessert le corridor Québec-Windsor. Ce dernier constitue 94% de son achalandag­e total. Le renouvelle­ment portera sur l’achat de 32 nouveaux trains bidirectio­nnels, dont les émissions seront de loin inférieure­s à ce qu’elles sont présenteme­nt. La première étape est un financemen­t de 8 millions pour mettre en branle les études de base.

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FRANÇOIS PESANT LE DEVOIR Un train de VIA Rail, à Montréal

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