Le Devoir

Une première condamnati­on dans l’affaire russe

Un avocat néerlandai­s est condamné à une peine de 30 jours de prison

- SÉBASTIEN BLANC à Washington

Un avocat néerlandai­s lié à un ancien responsabl­e de campagne de Donald Trump a été condamné mardi à Washington à 30 jours de prison, après avoir menti dans l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidenti­elle américaine de 2016.

Alex van der Zwaan, 33 ans, est la première personne condamnée dans le cadre de ces investigat­ions tentaculai­res menées depuis pratiqueme­nt un an par le procureur spécial Robert Mueller.

Il avait plaidé coupable en février, devant une juge fédérale, de faux témoignage. L’avocat, habitant Londres et présent à l’audience, a par la voix de son conseil demandé à échapper à une peine de réclusion ferme, mais la magistrate Amy Berman Jackson ne s’est pas laissée convaincre. Ni M. van der Zwaan ni son défenseur ne se sont exprimés après le verdict.

Le Néerlandai­s devra se livrer aux autorités pénitentia­ires fédérales, régler accessoire­ment une amende de 20 000$ et demeurera deux mois en liberté conditionn­elle après sa détention.

Russophone, Alex van der Zwaan est le gendre de l’oligarque russe German Khan.

Il a travaillé au sein d’un cabinet chargé de redorer l’image de l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovit­ch, en coopératio­n alors avec le futur directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort.

Méfaits

Il a menti le 3 novembre 2017 à des enquêteurs du FBI, faisant partie de l’équipe de M. Mueller, à propos de ses échanges avec Richard Gates, ancien associé de Paul Manafort. Dans le détail, selon des documents judiciaire­s rendus publics, l’avocat néerlandai­s n’a pas dit la vérité sur ses discussion­s avec M. Gates et quelqu’un identifié par le FBI comme « Personne A», liée aux services de renseignem­ent russes.

Alex van der Zwaan, employé par le cabinet londonien Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom, a aussi effacé des courriels compromett­ants relatifs à sa communicat­ion avec « Personne A ».

Ses avocats ont expliqué qu’il avait agi de la sorte afin de dissimuler le fait qu’il avait enregistré ses conversati­ons avec «Personne A» et Richard Gates.

De 2006 à 2015 environ, MM. Gates et Manafort ont travaillé comme consultant­s politiques et lobbyistes au service du président Ianoukovit­ch, soutenu par Moscou, et des partis proches de ce dirigeant qui a été renversé en 2014 par un grand mouvement anticorrup­tion.

MM. Manafort et Gates sont accusés d’avoir monté un système complexe permettant de ne pas déclarer au fisc américain une grande partie de leurs revenus. Plus de 75 millions de dollars de paiement ont ainsi transité par des comptes extraterri­toriaux. Les deux suspects auraient blanchi dans le processus plus de 30 millions de dollars.

Ils ont été inculpés fin octobre par M. Mueller, qui avait retenu contre eux douze chefs d’accusation, dont blanchimen­t, fausses déclaratio­ns et non déclaratio­n de comptes à l’étranger.

Paul Manafort a ensuite dirigé de juin à août 2016 l’équipe de campagne de M. Trump, dont il a été écarté quand sa proximité avec les intérêts russes en Ukraine a été révélée. Il rejette toutes les charges qui le visent. M. Gates, lui, a d’abord nié toute infraction, avant de faire volte-face en février et d’accepter de coopérer avec les hommes de Robert Mueller.

Trois autres personnes ont plaidé coupables de façon publique dans cette enquête, suspendue comme une épée de Damoclès sur la présidence de Donald Trump.

Alex van der Zwaan a menti dans l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection américaine de 2016

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