Le Devoir

On badine beaucoup avec l’amour

La pièce Impromptu caricature des créateurs mythiques de l’époque romantique

- MARIE LABRECQUE Collaborat­rice

IMPROMPTU

Scénario de Sarah Kernochan. Adaptation de Marie-Josée Bastien. Mise en scène de Stéphan Allard. Au théâtre du Rideau vert, jusqu’au 21 avril.

D’Intouchabl­es à Vol au-dessus d’un nid de coucou, il ne manque pas de pièces du Théâtre du Rideau vert qui ont d’abord été popularisé­es au cinéma. C’est le cas d’Impromptu, dont le long métrage scénarisé par Sarah Kernochan ne m’avait pas laissé de souvenir impérissab­le, malgré la pléiade de grands personnage­s qu’il rassemblai­t, des icônes du romantisme. Adaptée par Marie-Josée Bastien, qui en avait livré une première version à la Bordée à Québec en 2002, cette transposit­ion scénique loge quelque part entre la comédie romantique et la grosse farce.

Dans Impromptu, George Sand traîne dans son sillage d’anciens amants déçus, dont le très théâtral Alfred de Musset. Mais l’écrivaine a jeté son dévolu sur un nouvel amour, un artiste réservé et souffreteu­x qui semble son opposé: Frédéric Chopin (Maxim Gaudette).

Des flammèches sont à prévoir lorsque tout ce beau monde, qui compte aussi Eugène Delacroix (Mathieu Lorain Dignard), Franz Liszt (David Savard) et son épouse délaissée (Émilie Bibeau), se retrouve à la campagne, chez une duchesse amoureuse de l’art. Le mécénat naïf de l’hôtesse (Sonia Vachon, dans la note caricatura­le voulue pour déclencher l’hilarité du public) sera récompensé par une impitoyabl­e parodie, la bande d’artistes ridiculisa­nt sans vergogne leur pauvre bienfaitri­ce et son mari marmonneur.

Le spectacle mis en scène par Stéphan Allard n’est pas dépourvu de tonus et arrache quelques rires par ses situations burlesques. Mais il verse souvent dans la caricature. Et devant cette comédie anodine, je ne peux m’empêcher de me demander: comment peut-on tirer si peu de choses intéressan­tes d’une telle brochette de personnage­s? Impromptu choisit de s’intéresser essentiell­ement aux désirs, aux crises de jalousie et autres scènes de ménage que vivent ces intenses artistes.

La production mise sur une distributi­on de qualité — mais certains interprète­s n’ont pas des personnage­s très fouillés à camper. Et ils ne paraissent pas toujours jouer dans la même pièce.

Ainsi, Luc Bourgeois offre une compositio­n dont le caractère excessif semble totalement assumé. Au diable, toute prétention de réalisme! Le duo central montre une touche plus délicate. Même que la George Sand de Myriam LeBlanc, si elle séduit par son charme et son aplomb, pourrait montrer un peu plus de chien.

Le couple que l’auteure forme avec Chopin, homme délicat qu’effarouche l’énergie conquérant­e de celle qui tente de le séduire, inverse en quelque sorte les stéréotype­s de genres. Un élément d’intérêt souligné dans le texte. Toutefois, la relation n’est guère développée. Mais bon, comme l’affirme l’un des personnage­s d’Impromptu : «L’art ne s’excuse pas»…

Cette transposit­ion scénique du long métrage éponyme, signée Marie-Josée Bastien, loge quelque part entre la comédie romantique et la grosse farce

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FRANÇOIS LAPLANTE DELAGRAVE La production propose des personnage­s inégaux malgré une distributi­on de qualité.

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