Le Devoir

Un nouveau capitaine pour le Festival de la chanson de Tadoussac

L’événement garde le cap en laissant une place de choix aux artistes émergents

- ALEXANDRE SHIELDS AU CALENDRIER

Le temps a passé, les artistes aussi, mais le Festival de la chanson de Tadoussac est toujours là, malgré les aléas financiers et la multiplica­tion des rendez-vous musicaux estivaux au Québec. L’événement, qui dévoilait mercredi la programmat­ion de sa 35e édition, est d’ailleurs cette année sous la gouverne d’un nouveau capitaine.

«Ce sont de grands souliers à chausser », reconnaît d’entrée de jeu Julien Pinardon, nouvelleme­nt promu directeur du festival. Il succède en effet à un vieux routier, Charles Breton, qui a dirigé le rendez-vous de la Côte-Nord pendant 20 ans, avant de céder sa place pour devenir maire de Tadoussac.

Le nouveau leader de la petite équipe de bureau de neuf personnes, Français d’origine, travaillai­t déjà à l’organisati­on de l’événement, en compagnie de Charles Breton. Arrivé pour la première fois à «Tadou» en 2008, Julien Pinardon est tombé amoureux des lieux, charmé au point de venir s’installer dans ce village «bipolaire», presque désert l’hiver et envahi par des cohortes de touristes en été.

Habitué de l’air ambiant, mais aussi de l’esprit du Festival de la chanson, le directeur annonce d’ailleurs une évolution tranquille, par rapport à la trajectoir­e des années passées. Certes, les artistes connus occupent une place importante dans la programmat­ion, mais les festivalie­rs qui feront la route jusqu’à l’embouchure du Saguenay continuero­nt de s’abreuver abondammen­t au son des découverte­s. Bref, il faut débarquer avec l’esprit ouvert, comme l’a constaté l’auteur de ces lignes au fil des treize dernières éditions.

«Ça fait partie de l’ADN du festival depuis le début de faire de la place à des artistes émergents, mais talentueux et prometteur­s. C’est quelque chose qu’on tient à préserver dans notre programmat­ion artistique et c’est quelque chose qui nous permet d’apporter un élément distinctif à Tadoussac», explique Julien Pinardon.

Il insiste d’ailleurs sur la volonté d’ouvrir le paysage musical «à la francophon­ie canadienne hors Québec, mais aussi aux artistes venus d’ailleurs ». Cette année, ils proviennen­t notamment de l’Italie, de la Guadeloupe et de la France, mais aussi de la Saskatchew­an et du NouveauBru­nswick.

Se démarquer

Il faut dire qu’au fil des ans, les festivals de musique se sont multipliés dans les régions du Québec. Celui de Tadoussac, « qui était pour ainsi dire seul il y a à peine quelques années», rappelle Charles Breton, doit notamment composer avec le très couru Festif! de Baie-SaintPaul, mais aussi la Noce, à Chicoutimi.

«Dans ce contexte-là, il est de plus en plus difficile de se démarquer, d’autant plus que nous sommes un peu à la remorque des tournées des artistes. Mais il faut chercher à se distinguer, notamment en misant sur des artistes qui viennent de l’extérieur du Québec. Et le public est de plus en plus ouvert à la découverte, à un paysage musical plus éclaté», souligne Charles Breton, qui a participé au sauvetage de l’événement en le prenant en main il y a 20 ans.

Au-delà du volet artistique, agréable à rebâtir chaque année, l’ancien directeur déplore la nécessité de lutter encore aujourd’hui pour obtenir les moyens financiers nécessaire­s pour assurer la survie du festival. «C’est particulie­r, après 35 ans d’existence, de devoir encore justifier le fait qu’on existe », laisse-t-il tomber.

«C’est clair que la réalité en dehors des grands centres est difficile. L’argent du secteur privé est rare dans les plus petits milieux. C’est donc difficile d’avoir une grande diversité de sources de revenus. Le gouverneme­nt devrait en tenir

compte et compenser, mais ce n’est pas le cas. Le mot “région” est surtout utilisé dans les discours. »

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MARC LOISELLE Le Festival de la chanson propose chaque année un spectacle en plein air à la Pointe-de-l’Islet, un endroit situé à l’embouchure du fjord du Saguenay.

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