Le Canada croise les doigts
Les négociations entre le Canada et les États-Unis sur l’ALENA ont pris une tournure encourageante, a fait savoir jeudi le premier ministre Justin Trudeau lors d’une rencontre à Québec en prévision du G7.
«On espère avoir de bonnes choses à annoncer bientôt. Il y a un momentum positif. […] Là, on semble être dans une bonne phase», a déclaré M. Trudeau en mêlée de presse.
Le premier ministre espère même voir une entente aboutir avant la tenue du Sommet des Amériques au Pérou les 13 et 14 avril prochains. «Si on pouvait annoncer quelque chose au Sommet des Amériques, ce serait très bien. »
M. Trudeau participait jeudi matin au B7, un événement organisé au Château Frontenac par la Chambre de commerce du Canada en prévision de la tenue du G7 en juin à La Malbaie. Une centaine d’acteurs du milieu des affaires d’ici et de l’étranger y participaient.
Le G7 regroupe le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Contrer le protectionnisme
Selon le premier ministre Trudeau, la rencontre de juin sera l’occasion pour les pays membres de faire front commun face aux « pressions grandissantes de joueurs qui ne respectent pas les valeurs et règles du jeu chères au monde occidental ».
À plusieurs reprises, il a évoqué le concept d’une croissance «inclusive» et répété que son gouvernement mettait l’accent sur «la classe moyenne et ceux qui veulent s’y joindre ».
Le premier ministre du Québec Philippe Couillard, qui était également présent, a aussi insisté sur le fait que tous ne bénéficiaient pas de la «nouvelle prospérité», en particulier au sein de la population moins scolarisée. Il a évoqué par la suite la nécessité de lutter contre les différentes «polarisations» qui secouent les pays du G7.
Enfin, M. Couillard a profité de l’événement pour vanter le potentiel hydroélectrique du Québec. « J’en ai profité pour passer des messages aux industriels qui sont là : si vous avez des investissements à faire et avez besoin d’électricité, le Québec, c’est l’endroit où venir », a-t-il raconté à la sortie de sa rencontre à huis clos avec les participants.
Un modèle attaqué par la droite
Alors que les tensions montent entre les États-Unis et la Chine, les gens d’affaires ne cachent pas leur inquiétude. «Nous avons besoin d’une prise de position claire des leaders en faveur du libreéchange au lieu de construire des murs», a déclaré le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty.
En ce qui concerne les progrès dans les négociations entre le Canada et les États-Unis sur l’ALENA, il a ajouté que la situation pouvait changer « de tweet en tweet », mais souligné que la Chambre de commerce des États-Unis était un grand allié dans cette bataille. Son président, Thomas J. Donohue, participait d’ailleurs à la rencontre du B7 jeudi.
Quant aux tensions entre le président Donald Trump et la Chine, elles risquent de nuire au Canada aussi, a souligné M. Betty en citant l’exemple de l’acier et de l’aluminium. Si les tarifs augmentent entre la Chine et les États-Unis, des produits destinés à l’un ou l’autre pourraient «inonder» le marché canadien, notamment l’acier chinois, a-t-il dit, avant de mentionner aussi l’aluminium. «Il faut rester sur nos gardes. »
Première manifestation modeste à Québec
Pendant ce temps, les opposants au G7 tenaient leur première manifestation en vue de cet événement. Pour l’heure, le mouvement semble avoir peu d’ampleur, alors que moins d’une centaine de personnes ont défilé entre le Centre des congrès et le Château Frontenac en fin de journée.
Ces militants dénoncent «le caractère antidémocratique» du G7 et du B7, qui se déroulait également à huis clos jeudi. Ils souhaitent proposer un «contre-discours». «Quand on parle d’économie, les autres droits sont relégués au second plan», a dénoncé Christian Page, un militant montréalais du groupe Attac représentant la Coalition pour un forum alternatif au G7.
Pendant le G7, son groupe prévoit de se réunir, non pas à La Malbaie, mais à Québec, devant le parlement, où seraient présentés des ateliers et des conférences. La porte-parole du regroupement de Québec, Marie-Ève Duchesne, a été moins précise. Elle n’exclut pas pour le moment la tenue de manifestations à La Malbaie.