Le Devoir

Quand le cinéma rend hommage à deux voix marquantes d’Amérique du Sud

Chavela Vargas et Mercedes Sosa seront à l’honneur du 9e Festival du cinéma latino-américain de Montréal

- KATIA TOBAR

«Par la musique, on découvre toute la culture d’un pays ou d’une région. Ensuite, par le cinéma, on l’approfondi­t.» Roland Smith, créateur et programmat­eur du Festival du cinéma latino-américain de Montréal (FCLM), conclut ainsi notre entrevue, lui qui cette année met à l’honneur de sa programmat­ion deux voix célèbres et engagées d’Amérique du Sud: Chavela Vargas et Mercedes Sosa.

C’est avec le documentai­re biographiq­ue Chavela, présenté en première québécoise, que s’ouvrira cette neuvième édition du FCLM organisée au Cinéma du Parc du 6 au 15 avril. Composé de rares images de Frida Kahlo et de Pedro Almodóvar, le film retrace la vie de cette figure marquante de la musique mexicaine ranchera, cette amoureuse éperdue qui a inspiré de nombreux récits romantique­s. Celle qui portait des pantalons comme un

homme et qui soulageait son trac de scène en buvant de l’alcool. Une dépendance qui la rongera.

Chavela prendra l’affiche du festival quelques jours avant un documentai­re consacré à une autre grande dame de la chanson latino-américaine. Mercedes Sosa, la voix de l’Amérique latine, réalisé par Rodrigo H. Vila, revient sur la vie et l’oeuvre de Mercedes Sosa et sur son exil en Europe lors de la dictature militaire en Argentine.

Cannabis et retour d’exil

Le FCLM présentera au total 10 films en langue espagnole lors de 19 diffusions, sous-titrés en français ou en anglais.

Parmi ceux-là, un documentai­re bien d’actualité pour le Canada. Cannabis en Uruguay, réalisé par Federika Odriozola, revient sur le processus de légalisati­on du cannabis du pays qui fut le premier à en laisser le contrôle à l’État en 2013. L’occasion d’en tirer quelques leçons!

Mais aussi le film québécocub­ain de David Fabrega, Volver a Cuba (Retour à Cuba), qui suit Barbara Ramos lors de son retour à Cuba après 18 ans d’exil en Italie.

Ces films tiendront l’affiche avec El Inca, qui raconte l’histoire du boxeur vénézuélie­n Edwin «El Inca» Valero. Le champion s’est suicidé en 2010 après avoir assassiné sa femme. Le film a par ailleurs été censuré au Venezuela à la demande de la famille de cette dernière.

Présentés également: Kiki el amor se hace, une comédie qui aborde le sexe de façon originale; le western moderne El pastor (The Shepherd ); Le labyrinthe de Pan présenté comme hommage au réalisateu­r Guillermo del Toro; ou encore Une femme fantastiqu­e, gagnant d’un Oscar plus tôt cette année pour le meilleur film en langue étrangère.

Le réalisateu­r José Arteaga viendra quant à lui présenter son film politique Recuperand­o al paraíso.

Le cinéma en langue espagnole

Pour Roland Smith, donner une place au cinéma internatio­nal permet d’éclairer le public sur les enjeux sociaux et politiques qui nous entourent.

«Le cinéma latino-américain est de très grande qualité. Il propose des films humanistes, avec un contexte social très important, et pas seulement des films de divertisse­ment […] S’il est présenté dans plusieurs festivals montréalai­s, il se retrouve noyé parmi d’autres films.» C’est donc par passion pour ce cinéma en langue espagnole qu’il a créé le FCLM en 2009, alors qu’il était aux commandes du Cinéma du Parc. Une façon de «rappeler au monde que l’Amérique latine existe dans le milieu du cinéma ».

Il se désole cependant d’observer aussi peu de films en langue espagnole programmés dans les salles du Québec.

«Le cinéma devient de plus en plus internatio­nal, mais pas encore au Québec. C’est une véritable disette à l’extérieur de Montréal, un grave manque. »

Même si cette tendance pourrait changer. C’est d’ailleurs un thriller psychologi­que hispanofra­nco-italien, Everybody Knows (Todos lo saben), qui ouvrira le 4 mai prochain le Festival de Cannes, réalisé par l’Iranien Asghar Farhadi, avec à l’affiche Penélope Cruz, Javier Bardem et Ricardo Darín. On parie qu’il prendra l’affiche dans de nombreuses salles québécoise­s? FESTIVAL DU CINÉMA LATINO-AMÉRICAIN DE MONTRÉAL

Présenté au Cinéma du Parc du 6 au 15 avril Retrouvez toute la programmat­ion du festival sur le site du Cinéma du Parc. http://cinemadupa­rc.com/fr/ fclm

Le cinéma devient de plus en plus internatio­nal, mais pas encore au Québec. C’est une véritable disette à l’extérieur de Montréal, un grave manque. Roland Smith, créateur et programmat­eur du Festival du cinéma latino-américain de Montréal

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RODRIGO BUENDIA AGENCE FRANCE-PRESSE Le Festival du cinéma latino-américain de Montréal diffusera deux documentai­res consacrés à deux voix féminines de l’Amérique latine: Chavela Vargas (ci-dessous) dans Chavela et Mercedes Sosa (ci-dessus) dans Mercedes Sosa, la voix de l’Amérique latine.
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