Le déficit commercial s’alourdit encore
Celui face au Canada a cependant reculé de 90 % en février
Le déficit des échanges de biens des États-Unis avec le reste du monde s’est hissé en février à son plus haut niveau en neuf ans sur fond de tensions commerciales entre Washington et Pékin, mais avec une perspective d’éclaircie avec le Mexique et le Canada.
Pour le sixième mois d’affilée, le déficit commercial américain s’est inscrit en hausse (+1,6 %) pour s’établir à 57,6 milliards $US, malgré les velléités du président américain de le réduire radicalement.
Si les exportations de biens et services ont atteint un niveau record en février à 204,4 milliards, elles sont restées largement inférieures aux importations de biens et services (262 milliards), qui constituent aussi un record absolu.
Le déficit des seules marchandises (75,9 milliards $US) a, lui, atteint son plus haut niveau depuis juillet 2008 malgré un net infléchissement du déficit avec la Chine, au coeur d’une escalade des tensions entre Washington et Pékin.
Le déficit des marchandises avec le géant asiatique a en effet chuté de 18,6% à 29,3 milliards de dollars, avec des importations en baisse de 14,7% et des exportations stables.
Trump poursuit l’escalade
Cette baisse n’est toutefois pas de nature à changer la tendance de fond puisque, depuis le début de l’année, le déficit des biens avec Pékin a bondi de 20,2%. Ces données sont publiées après de nouvelles frictions cette semaine entre les États-Unis et la Chine sur le commerce.
« Nous estimons que ce déficit est tiré par des pratiques commerciales déloyales», a martelé jeudi Peter Navarro, l’un des conseillers économiques de la Maison-Blanche, reprenant le leitmotiv du président américain. «Ce n’est pas viable », a-t-il ajouté sur CNBC.
Donald Trump, qui accuse aussi la Chine de «transfert forcé» de technologie américaine ou de «vol» de propriété intellectuelle, avait publié mardi une liste provisoire de produits importés de Chine susceptibles d’être soumis à de nouveaux droits de douane.
Pékin a aussitôt répliqué avec sa propre liste visant des importations stratégiques en provenance des États-Unis (soja, produits des secteurs aéronautique et automobile) du même montant annuel : 50 milliards de dollars.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a appelé jeudi la communauté internationale à faire front commun contre Washington. «Si les États-Unis pensent qu’ils peuvent tirer profit du protectionnisme, ils se trompent», at-il déclaré depuis Moscou.
Donald Trump est revenu à la charge, jeudi, en évoquant la possibilité d’imposer des tarifs douaniers supplémentaires de 100 milliards de dollars à l’encontre de la Chine pour répondre à «la riposte injuste» de cette dernière. «J’ai demandé au ministère du Commerce d’examiner si 100 milliards de dollars supplémentaires de tarifs douaniers seraient adaptés […] et, dans ce cas, de déterminer les produits sur lesquels ils pourraient être imposés», a-t-il indiqué dans un communiqué.
Plainte à l’OMC
La Chine a en outre déposé plainte jeudi auprès de l’Organisation mondiale du commerce pour contester les taxes que les États-Unis comptent mettre en oeuvre.
Pour l’heure, les mesures radicales annoncées par Washington et Pékin ne sont effectives ni d’un côté ni de l’autre, mais elles suscitent la crainte d’une véritable guerre commerciale aux conséquences potentiellement négatives, non seulement pour les économies de ces deux premières puissances du monde, mais aussi pour l’expansion mondiale.
Malgré le creusement du déficit en février, les économistes ont estimé que les données du commerce n’étaient pas si mauvaises que cela, relevant l’impact des droits payés par les États-Unis pour retransmettre les Jeux olympiques d’hiver.
Par répartition géographique, le déficit des biens avec le Mexique a bondi de 46,6% à 6,1 milliards. En revanche, le déficit des biens avec le Canada a chuté de 89,6% à 400 millions en février.