Le Devoir

Ouellet propose une refondatio­n «intellectu­elle» du Bloc

La chef présente le nouveau programme souhaité de la formation… en l’absence du président Beaulieu

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

A lors qu’un groupe dissident souhaite la refondatio­n pure et simple du Bloc québécois, la chef, Martine Ouellet, a proposé vendredi une refondatio­n «intellectu­elle» du parti.

Son projet de programme politique pour la prochaine élection inclut la constituti­on théorique d’un Québec souverain, qu’elle a récupéré de sa campagne à la chefferie du… Parti québécois.

En l’absence remarquée du président du parti, Mario Beaulieu, et de la vice-présidente, Kédina Fleur y-Samson, Mme Ouellet a dévoilé vendredi une propositio­n de programme d’une soixantain­e de pages. Elle qualifie celle-ci «d’innovante et moderne, en ce qu’elle s’inscrit au-delà du simple programme politique ».

Ainsi le projet explique-t-il «de quoi sera faite la République du Québec», tout en élaborant des «mesures de transition» en attendant que cela se réalise.

«D’ici à l’indépendan­ce, nous avons une action politique à mener», a souligné en point de presse l’ancien ministre péquiste Gilbert Paquette, un des quatre rédacteurs du document. «On ne peut pas faire la défense des intérêts du Québec sans un cadre politique qui amène à faire la promotion de l’indépendan­ce», a-t-il ajouté. C’est l’esprit du programme proposé.

Mais pour devenir officiel, celui-ci devra être adopté par les militants au Congrès national de 2019… si le Bloc n’a pas implosé d’ici là.

La propositio­n a en effet été dévoilée au terme d’une autre semaine chaotique pour la formation politique, plongée dans une profonde crise après la démission de sept de ses dix députés à la fin de février.

Ce groupe proteste contre le leadership de Mme Ouellet, lequel sera d’ailleurs soumis à un vote des membres du parti par référendum au début de juin. Les militants devront aussi réitérer — ou pas — leur adhésion à l’article 1 du programme actuel du Bloc.

Mais aussi, un manifeste préparé par la présidente du Forum jeunesse du parti — et appuyé par Mme Fleury-Samson — plaidait plus tôt cette semaine pour que la formation se saborde carrément afin de renaître sur de nouvelles bases. Nouveau nom, nouveau programme et nouveau chef sont au menu de cette propositio­n, qui pourrait être soumise pour débat lors d’un conseil général prévu à la fin du mois.

«Que des gens, de façon individuel­le, en dehors des instances, fassent part de leurs opinions, ça leur appartient, a déclaré Mme Ouellet vendredi. Mais on a une démocratie au Bloc. Et pour travailler en équipe, c’est important de respecter la démocratie interne du Bloc. S’ils ont des propositio­ns à faire à l’interne, elles seront étudiées par les instances.»

Quant à l’absence du président du parti au dévoilemen­t d’un document central pour l’avenir du Bloc, Martine Ouellet n’y voyait rien d’anormal. « Les gens qui étaient disponible­s sont venus faire un tour », a-t-elle dit aux médias.

Député d’une circonscri­ption voisine du quartier général du Bloc, M. Beaulieu n’a pas rappelé Le Devoir vendredi. La Chambre des communes ne siégeait pas.

Mme Ouellet a soutenu que les médias accordent trop d’attention aux «mauvaises nouvelles» qui la concerne, tout en occultant les «soutiens qui s’ajoutent». Par exemple? Celui de l’ancien premier ministre Bernard Landry ou ceux de Gilbert Paquette et du politologu­e Denis Monière, aussi présent vendredi.

Programme

Le programme proposé est le résultat d’un an de travail mené par un comité de quatre personnes : MM. Paquette et Monière, mais aussi le chroniqueu­r Pierre Dubuc (L’Aut’journal) et le juriste André Binette. Il a été adopté par le Bureau national du Bloc.

Neuf chapitres thématique­s composent la propositio­n: indépendan­ce

«

C’est notre responsabi­lité de

» répondre aux questions et de dire à quoi va ressembler [un Québec souverain] Martine Ouellet, chef du Bloc québécois

du Québec, solidarité sociale, culture, justice, etc. Une déclaratio­n «des valeurs et des principes » du Bloc ouvre le document, que conclut la «Constituti­on initiale de la République du Québec».

Et pourquoi donc une constituti­on de la part d’un parti qui reconnaît que «seul un gouverneme­nt indépendan­tiste élu à Québec permettra d’enclencher le processus lui permettant d’accéder à l’indépendan­ce»? C’est une question de transparen­ce, rétorque Martine Ouellet.

«C’est notre responsabi­lité de répondre aux questions et de dire à quoi va ressembler» un Québec souverain, estime la chef bloquiste.

Ceux qui suivent la députée transparle­mentaire de près reconnaîtr­ont dans le document l’exacte copie de ce qu’elle avait présenté en août 2016… alors qu’elle briguait la chefferie du Parti québécois.

En ce qui concerne le programme comme tel, chaque chapitre présente le cadre politique du parti, suivi d’une liste de « sujets prioritair­es d’interventi­on d’ici l’indépendan­ce».

Le document sera présenté aux militants dans le cadre d’une tournée qui sera lancée la semaine prochaine.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Entourée de quelques conseiller­s, Martine Ouellet a présenté vendredi une propositio­n de programme politique d’une soixantain­e de pages.

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