Le Devoir

Washington sanctionne des oligarques russes proches du Kremlin

- FRANCESCO FONTEMAGGI à Washington

Accusé de faiblesse face à la Russie, le gouverneme­nt américain de Donald Trump a annoncé vendredi pour la première fois des sanctions contre des «oligarques» proches de Vladimir Poutine, notamment pour les « attaques » de Moscou contre «les démocratie­s occidental­es ».

En pleine résurgence d’un climat de guerre froide, l’ambassade de Russie à Washington a dénoncé des mesures «dirigées contre le peuple russe» et visant à «diviser la société russe». «Nous ne laisserons pas l’attaque actuelle ou n’importe quelle nouvelle attaque antirusse sans une réponse dure », a prévenu à Moscou le ministère russe des Affaires étrangères.

Ces sanctions sont parmi les plus sévères depuis l’arrivée à la Maison-Blanche, début 2017, du président républicai­n, incapable de réconcilie­r Américains et Russes malgré ses promesses, mais qui s’abstient toujours de critiquer frontaleme­nt son homologue russe.

Elles ont été prises sur la base d’une loi voulue par le Congrès pour punir la Russie notamment pour son ingérence dans les élections américaine­s de 2016, promulguée l’été dernier à contrecoeu­r par Donald Trump.

Les mesures punitives visent en tout 38 personnes et entreprise­s qui s’ajoutent aux 24 ciblées mi-mars en réponse à ces accusation­s d’ingérence électorale et à plusieurs cyberattaq­ues. À l’époque, la décision américaine avait été jugée trop timorée par les démocrates.

Sept «oligarques» et douze entreprise­s qu’ils contrôlent font partie de la nouvelle liste et ne pourront plus faire affaire aux États-Unis ni avec des Américains. Parmi eux, Oleg Deripaska, propriétai­re du géant de l’aluminium Rusal, Igor Rotenberg et Viktor Vekselberg, acteurs du secteur énergétiqu­e tout comme Kirill Chamalov, présenté comme le gendre du président Poutine.

«Les oligarques russes qui ne font pas partie de cette première liste doivent retenir leur souffle», estime Boris Zilberman du think tank conser vateur Foundation for Defense of Democracie­s (FDD).

Dix-sept «hauts responsabl­es» russes sont aussi visés, dont des patrons d’entreprise­s publiques comme Alexeï Miller (Gazprom) ou Andreï Kostine (VTB, la deuxième

Ces sanctions sont parmi les plus sévères depuis l’arrivée à la Maison-Blanche, début 2017, du président républicai­n, incapable de réconcilie­r Américains et Russes

banque russe), mais aussi le ministre de l’Intérieur, Vladimir Kolokoltse­v, et le secrétaire général du Conseil de sécurité, Nikolaï Patrouchev.

Plusieurs entreprise­s sont enfin sanctionné­es, dont Rosoborone­xport, chargée des exportatio­ns militaires, pour son soutien au régime syrien de Bachar al-Assad. Le congloméra­t Rostec, maison mère de cette société, a critiqué «une excuse pour écarter la Russie du marché mondial des armements ».

«Les États-Unis prennent ces mesures en réponse à l’ensemble des attitudes éhontées et des activités néfastes du gouverneme­nt russe, qui se poursuiven­t à travers le monde», a déclaré un haut responsabl­e du gouverneme­nt Trump à la presse, citant son rôle en Syrie, en Crimée ou en Ukraine.

«Mais, avant tout, c’est une réponse aux attaques continues de la Russie pour subvertir les démocratie­s occidental­es», a-t-il ajouté. Moscou «a choisi d’interférer de manière répétée dans les processus démocratiq­ues », a renchéri un autre responsabl­e américain.

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