Le Devoir

Nouveaux heurts à la frontière Gaza-Israël

- JOSEPH DYKE MAI YAGHI à Gaza

S ept Palestinie­ns ont été tués et plus de 400 blessés par des soldats israéliens lors de protestati­ons vendredi près de la frontière entre Gaza et Israël, une semaine après une journée particuliè­rement meurtrière lors de manifestat­ions similaires.

Le 30 mars, au début d’une série de manifestat­ions palestinie­nnes pour réclamer le retour des réfugiés et la fin du blocus de Gaza par Israël, les violences ont coûté la vie à 19 Palestinie­ns et blessé quelque 1400, la journée la plus sanglante depuis la guerre en 2014 entre Israël et le Hamas palestinie­n.

Vendredi, des milliers de Palestinie­ns se sont à nouveau rassemblés près de la barrière de sécurité séparant le territoire israélien de l’enclave palestinie­nne contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, ennemi juré de l’État hébreu.

Des affronteme­nts ont éclaté en plusieurs lieux longeant la barrière. Des manifestan­ts ont incendié des pneus et lancé des pierres sur les soldats israéliens, provoquant des champignon­s de fumée au-dessus de la barrière de sécurité pour gêner la visibilité de l’armée israélienn­e, selon des correspond­ants de l’AFP sur place. Les militaires ont riposté en tirant des gaz lacr ymogènes et des balles réelles.

Le ministère de la Santé à Gaza a indiqué que sept Palestinie­ns avaient été tués par des tirs de soldats israéliens, dont un adolescent de 16 ans. Plus de 400 Palestinie­ns ont été hospitalis­és après avoir été blessés par des tirs de balles ou de gaz lacrymogèn­es, a-t-il ajouté.

Marche du retour

Au moins six journalist­es ont été blessés par balle, selon un communiqué du syndicat des journalist­es palestinie­ns. La porte-parole de l’armée n’a pour l’heure pas réagi à cette informatio­n.

Selon l’armée israélienn­e, environ 20 000 Palestinie­ns se sont rassemblés près de la frontière, notamment à l’est des villes de Khan Younès et de Gaza. Certains ont pris part à des heurts et ont «tenté d’endommager et de franchir la barrière de sécurité sous un écran de fumée créé par les pneus enflammés».

Des engins explosifs et des cocktails Molotov ont également été lancés par les manifestan­ts, a ajouté l’armée en soulignant que ses forces ripostaien­t « avec les moyens antiémeute­s et par balles, conforméme­nt aux règles d’engagement ».

«Nous sommes venus ici pour cette terre et pour un avenir meilleur», a déclaré Mona alChaar, 43 ans, qui distribuai­t des bouteilles de vinaigre aux protestata­ires à l’est de Khan Younès pour soulager les brûlures dues aux gaz lacrymogèn­es. «Les Israéliens sont des lâches», a-t-elle ajouté.

Pour le général de brigade Ronen Manelis, porte-parole de l’armée israélienn­e, la journée a été un succès.

«Aucun de nos soldats n’a été blessé et la frontière n’a pas été franchie», a-t-il affirmé, assurant que les événements de la semaine passée «avaient dissuadé le Hamas, qui a empêché les foules de s’approcher de la clôture ».

La protestati­on inédite de «la marche du retour» prévoit des rassemblem­ents et campements durant six semaines à la frontière IsraëlGaza pour réclamer «le droit au retour» de quelque 700 000 Palestinie­ns chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d’Israël le 14 mai 1948.

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KHALIL HAMRA ASSOCIATED PRESS Des Palestinie­ns lancent des pierres vers les troupes israélienn­es à la frontière gazaouie vendredi.

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