Sprint de négociations sur l’ALENA
Pourra-t-on obtenir plus qu’une vague entente de principe d’ici la semaine prochaine ?
Le Canada, les États-Unis et le Mexique redoublent d’efforts à la table de négociations dans l’espoir de trouver rapidement une forme ou l’autre de compromis sur l’ALENA.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a indiqué vendredi, à Washington, après trois jours de rencontres avec ses homologues américains et mexicains, qu’elle restera finalement «un peu plus longtemps» que prévu dans la capitale fédérale américaine. La renégociation de l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA) est entrée dans «une nouvelle phase plus intensive», a-t-elle expliqué aux journalistes en marge des discussions. «Nous avons eu de bons échanges au cours des derniers jours. […] Nous continuerons de travailler fort au cours des jours à venir», a-t-elle ajouté sur les ondes de CBC sans donner plus de détails.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, comme le président américain, Donald Trump, ont laissé entendre jeudi qu’une entente pourrait être à portée de main, sept mois après le début des négociations. Le Canadien a même dit espérer que cette entente pourrait être annoncée la semaine prochaine pour la tenue du Sommet des Amériques au Pérou les 13 et 14 avril prochains.
Entente au rabais?
Les experts voient mal comment les partis pourraient avoir comblé les profonds fossés qui les séparaient encore récemment. De nombreuses sources rapportent que les États-Unis ont considérablement lâché du lest dans leurs demandes dans le secteur de l’automobile et qu’un compromis serait proche. Ce compromis consisterait à changer le mode de calcul du contenu nord-américain des véhicules et de relever le seuil minimum de ce contenu pour être exempté de tarif. Très critique de la concurrence exercée par les bas salaires mexicains, le gouvernement Trump voudrait que ce mode de calcul favorise le versement de salaires supérieurs à 15$ l’heure.
Rien n’indique cependant que des progrès ont été réalisés dans les autres enjeux litigieux, comme les demandes des ÉtatsUnis d’abolir les tribunaux d’arbitrage de l’ALENA, de fortement limiter l’accès à son marché des contrats publics et de limiter la durée de vie du nouveau traité à cinq ans renouvelable avec l’accord de tous.
Dans ce contexte, une entente générale et ambitieuse d’ici la semaine prochaine est impossible, a déclaré à La Presse canadienne Éric Miller, un consultant américain en commerce international. Aussi, de deux choses l’une : soit il est question d’une sorte d’entente de principe sur des objectifs généraux qui remettent la discussion sur les détails à plus tard, notamment après les élections au Mexique en juillet et de mimandats aux États-Unis en novembre, soit on se contente d’une version de l’ALENA légèrement remodelée.
Avertissement de Québec
Le premier ministre québécois, Philippe Couillard, a mis en garde Ottawa contre la tentation de se servir du système de gestion de l’offre des producteurs de lait, de volaille et d’oeufs comme monnaie d’échange dans le dernier sprint de négociations. «Je veux envoyer un signal très clair», a-t-il martelé vendredi en marge de la présentation de la nouvelle politique bioalimentaire de son gouvernement. «La gestion de l’offre, pour nous, c’est important, et il ne faudrait pas que ce soit l’agneau du sacrifice en fin de négociation, parce que les Québécois n’accepteront pas ça.»