Le Devoir

Engagement­s internatio­naux de 11 milliards $US pour le Liban

L’économie y est en panne depuis le début du conflit dans la Syrie voisine et l’afflux de plus d’un million de réfugiés

- VALENTIN BONTEMPS VALÉRIE LEROUX à Paris

La communauté internatio­nale s’est engagée vendredi à mobiliser 11 milliards $US en prêts et dons en faveur du Liban, afin de moderniser l’économie du pays et de renforcer sa stabilité, menacée par les crises régionales.

Ces annonces, destinées à financer des projets d’investisse­ment pour les cinq prochaines années, ont été égrenées par États et organisati­ons internatio­nales lors d’une conférence de soutien à l’économie libanaise, baptisée CEDRE, qui se tenait à Paris à un mois des législativ­es du 6 mai au Liban.

«À l’heure où le Levant traverse sans doute un des pires moments de son histoire […] il est plus capital que jamais de préserver un bien précieux entre tous, celui d’un Liban pacifique, divers et harmonieux, fidèle à l’engagement pluraliste qui a présidé à sa création», a déclaré le président français, Emmanuel Macron, en clôturant cette rencontre.

Selon l’ambassadeu­r de France au Liban, Bruno Foucher, les 11 milliards de dollars promis sont constitués de prêts à hauteur de 10,2 milliards et de 860 millions en dons.

«C’est un processus qui commence pour moderniser notre économie, réhabilite­r nos infrastruc­tures et libérer le potentiel du secteur privé pour qu’il mène à une croissance durable et à la création d’emplois pour les Libanais», a assuré le premier ministre libanais, Saad Hariri.

Parmi les plus gros donateurs figurent la Banque mondiale, qui s’est engagée pour 4 milliards de dollars de prêts au cours des cinq prochaines années, et l’Arabie saoudite, qui a renouvelé une ligne de crédit de 1 milliard de dollars, signe de son engagement au côté du Liban malgré ses inquiétude­s récurrente­s sur l’influence croissante de l’Iran dans ce pays.

Aide européenne

Côté européen, la France a promis 550 millions d’euros, les Pays-Bas, 300 millions, le Royaume-Uni, 130 millions et l’Italie, 120 millions. L’Union européenne va apporter, elle, une contributi­on de 150 millions d’euros, selon Bruno Foucher.

Les craintes d’une crise économique planent sur ce petit pays du Proche-Orient dont l’économie est en panne depuis le début du conflit dans la Syrie voisine et l’afflux de plus d’un million de réfugiés.

La croissance s’y est élevée en moyenne à 1,1% au cours des trois dernières années, contre plus de 9% à la veille de la guerre syrienne, tandis que la dette publique culmine à 150% du PIB, le taux le plus élevé à l’échelle mondiale après le Japon et la Grèce.

Vers une stabilisat­ion

Les législativ­es du 6 mai, les premières depuis neuf ans, doivent parachever la stabilisat­ion politique du Liban. «Dans cet effort, le Liban ne pourra pas réussir seul», a insisté Saad Hariri, mettant en garde contre un risque d’instabilit­é pour l’ensemble de la région.

Le plan d’investisse­ments bâti par les autorités libanaises vise à moderniser les infrastruc­tures du pays, qui connaît d’importants retards de développem­ent, à commencer par l’alimentati­on en eau, la production d’électricit­é et le traitement des ordures.

Les investisse­ments nécessaire­s, validés vendredi, sont évalués à 10,1 milliards de dollars sur une première phase de quatre ans. Au total, les besoins cités par Beyrouth s’élèvent à 23 milliards sur 12 ans.

En échange de l’aide internatio­nale, Saad Harari — accompagné de cinq ministres représenta­nt l’ensemble du spectre politique libanais — s’est engagé à «lutter contre la corruption», à moderniser le fonctionne­ment des marchés publics et à favoriser une meilleure «gouvernanc­e fiscale».

Le Liban a déjà bénéficié de trois conférence­s de soutien, notamment en 2002 et en 2007, baptisées «Paris II» et «Paris III». Mais il n’a encaissé qu’une partie des engagement­s financiers, après avoir failli à adopter les réformes structurel­les promises.

 ?? HASSAN AMMAR ASSOCIATED PRESS ?? La croissance du Liban s’est élevée en moyenne à 1,1% au cours des trois dernières années.
HASSAN AMMAR ASSOCIATED PRESS La croissance du Liban s’est élevée en moyenne à 1,1% au cours des trois dernières années.

Newspapers in French

Newspapers from Canada