Les Robinson à la reconquête d’un monde meilleur
Perdus dans l’espace, la populaire série kitsch des années 1960, fait peau neuve sur Netflix
En septembre 1968, la chaîne américaine CBS mettait fin brutalement aux aventures comico-spatiales de la famille Robinson après trois saisons. Fait étonnant, Perdus dans l’espace, série kitsch d’Irwin Allen, attirait à l’époque plus de spectateurs que la série culte de Gene Roddenberry, Star Trek, diffusée à CBS de 1966 à 1969.
Au fil des saisons, au grand dam des bonzes de CBS, Perdus dans l’espace comptait de plus en plus d’enfants parmi ses admirateurs, tandis que Star Trek attirait davantage les fans sérieux de science-fiction. Il faut dire que, dès sa deuxième saison, la série prit un virage plus comique, ce qui déplaisait de plus en plus à June Lockhart et à Guy Williams, qui incarnaient Maureen et John Robinson, les parents de cette famille partie fonder une colonie dans l’espace en 1997.
Alors que Star Trek a connu avec succès diverses incarnations au cinéma et à la télévision, Perdus dans l’espace a mordu la poussière au cours des dernières décennies. Alors que l’adaptation désolante au cinéma de Stephen Hopkins en 1998 ne connaît pas de suite, la série passe tout près de renaître de ses cendres en 2004. Or, l’émission pilote, réalisée par John Woo, ne sera jamais diffusée.
Cinquante ans après la fin de la série originale et vingt ans après ses mésaventures au cinéma, la famille Robinson repart à la conquête d’un monde meilleur, en 2048, sur la plateforme Netflix. D’entrée de jeu, les nostalgiques de la série auront remarqué que cette nouvelle mouture ne comprend ni costumes aux couleurs criardes ni décors en cartonpâte. De fait, les décors et les paysages sont à couper le souffle et les divers vaisseaux spatiaux, drôlement plus convaincants.
Famille recomposée
Autres temps, autres moeurs, les Robinson n’offrent plus l’image d’une famille parfaite. John (Toby Stephens) et Maureen (Molly Parker) ne forment plus un couple. Issue du premier mariage de Maureen, Penny (Mina Sundwall), qui est métisse, attise la jalousie de Judy (Taylor Russell), qui lui envie ses grandes capacités intellectuelles. S’étant lié d’amitié avec un robot polymorphe, qui ne ressemble en rien à celui de la série originale, le petit Will (Maxwell Jenkins) ne se montre pas toujours à la hauteur de la mission. Quant à Don West (Ignacio Serricchio), autrefois le chevalier de Judy, il revient sous les traits d’un contrebandier ayant un faible pour le whisky.
Et le docteur Smith dans tout ça? Il est devenu une criminelle spécialisée dans le vol d’identité qui se fait passer pour une psychologue. Pour incarner l’excentrique fourbe, on retrouve Parker Posey, ex-reine du cinéma indépendant, qui succède à Jonathan Harris, qui damait le pion à tous dans la série originale, et à Gary Oldman, cabotin flamboyant au grand écran. Si d’emblée ce personnage s’avère de loin le plus intéressant, on regrette assez tôt que les auteurs Matt Sazama et Burk Sharpless ne l’exploitent davantage.
D’ailleurs, les scénaristes, à qui l’on doit les plus que navrants Power Rangers et Gods of Egypt, semblent avoir bien du mal à développer les intrigues et à étoffer leurs personnages. Certes, le premier épisode comporte quelques scènes haletantes, mais en fin de compte, on nous sert un mélodrame familial ponctué de chamailles entre adolescentes, de dialogues de sourds entre adultes aveuglés par leurs propres ambitions et des angoisses d’un gamin précoce sur fond de charabia scientifique.
Tout compte fait, peu nous chaut de savoir si les Robinson et autres colons seront perdus à jamais dans l’espace tant la tension s’étiole d’une scène à l’autre. Et loin de nous l’envie de les suivre pendant trois saisons.
Perdus dans l’espace (V.F. de Lost in Space) Netflix, dès vendredi