Le Devoir

Le DSP s’inquiète de l’assoupliss­ement des règles.

La modernisat­ion des règles sur les permis ne doit pas se faire au détriment de la sécurité publique, rappelle-t-il

- AMÉLIE DAOUSTBOIS­VERT

Le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, rappelle au gouverneme­nt de tenir compte des risques posés par l’alcool dans la modernisat­ion des règles entourant l’octroi de permis. Il a évoqué une nécessité de «cohérence» avec les autres missions de l’État, que ce soit par exemple la santé publique ou la sécurité.

Le Dr Arruda a par exemple menacé de faire une «convulsion» si la vente d’alcool devait être permise au-delà de 23 heures dans les dépanneurs et les épiceries. Le projet de loi ne le prévoit pas, mais l’Associatio­n des détaillant­s en alimentati­on estime qu’il serait souhaitabl­e d’évaluer cette option.

Le Dr Arruda comparaiss­ait hier dans le cadre des consultati­ons sur le projet de loi 170 modifiant diverses dispositio­ns législativ­es en matière de boissons alcoolisée­s.

«Les consommati­ons problémati­ques ont surtout lieu en soirée et dans la nuit. Je vous supplie de ne pas céder», notamment pour protéger les jeunes, a lancé le Dr Arruda. «Si j’ai un seul message à livrer, c’est de ne pas lâcher sur cette question. »

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, l’a immédiatem­ent rassuré. «Je vais vous éviter la convulsion. Je n’ai pas l’intention d’aller là », a-t-il confirmé.

Ouverture le matin

Le Dr Arruda n’est pas non plus complèteme­nt rassuré face à l’intention du gouverneme­nt

«

Les consommati­ons problémati­ques » ont surtout lieu en soirée et dans la nuit. Je vous supplie de ne pas céder.

Le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique

de permettre la vente d’alcool chez les détaillant­s dès sept heures le matin, plutôt que huit.

Selon lui, si la mesure peut être inoffensiv­e dans certains endroits, il n’en est pas de même au centre-ville, par exemple, notamment en raison de la présence d’itinérants.

Il se questionne également sur la multiplica­tion possible de lieux où consommer, avec la permission qui serait donnée aux restaurate­urs de servir de l’alcool sans repas. «Maintenir la cuisine ouverte [pour pouvoir servir de l’alcool dans un restaurant] serait un incitatif à ce qu’ils ne se transforme­nt pas en bar» en fin de soirée, a-t-il invoqué.

Formation des employés

Concernant la formation à la consommati­on responsabl­e, le Dr Arruda estime qu’elle devrait s’étendre au-delà des propriétai­res et des exploitant­s des établissem­ents. «Une interventi­on du serveur peut éviter un accident», a-t-il rappelé.

Dans un «monde idéal», tous les employés seraient formés, at-il affirmé, et plus particuliè­rement dans les bars, où le risque de consommati­on excessive est plus élevé.

«Mais il faut aller plus loin que seulement le propriétai­re, at-il affirmé. Ce n’est pas une formation de deux heures sur Internet avec examen qui va être problémati­que», selon lui, pour des travailleu­rs qui apprennent déjà à préparer… de nombreux cocktails.

L’Union des tenanciers de bars du Québec appuie l’idée de former tous les employés, mais demande qu’un tel programme soit financé par le gouverneme­nt.

Protéger les jeunes

Le Dr Arruda tient particuliè­rement à ce que les jeunes soient protégés. Il a rappelé que le prix est le levier le plus important. «Le prix minimum sur certains alcools que les jeunes prisent, c’est une barrière de plus», a-t-il expliqué.

Il demande au gouverneme­nt d’être également attentif à toute promotion qui pourrait cibler plus spécifique­ment les jeunes.

«On n’est pas rendus à bannir toute publicité, ou peut-être que oui, ou un certain type», at-il évoqué. Le projet de loi prévoit donner plus de pouvoir à la Régie des alcools et des jeux pour suspendre ou révoquer un permis en cas de manquement en matière de promotion.

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