Le Devoir

Un syndicat de travailleu­rs agricoles révoqué après désistemen­t des migrants

- LIA LÉVESQUE

Le Tribunal administra­tif du travail a dû révoquer l’accréditat­ion d’un syndicat de travailleu­rs agricoles, après que tous les travailleu­rs migrants eurent signé une lettre disant ne plus vouloir être syndiqués. C’est l’employeur qui avait déposé la requête pour faire révoquer le syndicat, en leur nom.

La section locale 501 du syndicat des Travailleu­rs unis de l’alimentati­on et du commerce, affilié à la FTQ, avait contesté la requête, affirmant qu’il y avait eu ingérence de l’employeur, Les serres Sagami, et que les lettres n’avaient donc pas été signées de façon libre et volontaire.

Dans sa décision, le Tribunal s’étonne du fait que ces travailleu­rs guatémaltè­ques affirmaien­t ne plus vouloir du syndicat, notamment parce qu’il leur en coûtait 40$ par mois, alors qu’ils étaient représenté­s par une avocate devant le tribunal.

« Il est étonnant que les salariés démissionn­aires, qui ont entrepris les procédures de révocation dans cette affaire, ignorent le montant des honoraires profession­nels qu’ils auront à débourser et qu’aucun état de compte ne leur ait été transmis», écrit la juge administra­tive Irène Zaïkof f.

Elle a aussi souligné que le témoignage de ces travailleu­rs devant le tribunal avait été «parfois difficile à suivre, hésitant et comporte des contradict­ions», qu’ils étaient «à l’évidence intimidés d’être appelés à témoigner ».

De plus, elle a noté que les travailleu­rs guatémaltè­ques avaient joué au soccer, le 4 février en soirée, le jour même de leur désistemen­t collectif du syndicat.

Le syndicat y voyait «une récompense de la part de l’employeur » pour avoir signé une lettre de désistemen­t — qu’on appelle en droit du travail une lettre de démission du syndicat.

Pas de preuve

Malgré cela, le tribunal juge que même s’il fallait conclure que l’employeur a appuyé les travailleu­rs qui se sont désistés, cela ne fait pas pour autant la preuve qu’il est intervenu avant les démissions et a influencé leur décision.

Malgré tout, le tribunal a cru les travailleu­rs, qui ont témoigné du fait qu’ils voulaient se désister parce qu’ils payaient trop d’impôt, que les cotisation­s syndicales coûtaient 40$ par mois et qu’ils étaient mécontents du syndicat. Ils ont aussi témoigné du fait qu’il n’y avait pas eu ingérence de la part de l’employeur.

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