Le Devoir

La thèse de Londres sur l’identité russe du poison confirmée

- MARTINE PAUWELS à Londres

L’Organisati­on pour l’interdicti­on des armes chimiques (OIAC) a confirmé jeudi les découverte­s de Londres sur l’identité du poison utilisé contre un ex-espion russe et sa fille en Angleterre, suscitant immédiatem­ent le scepticism­e de Moscou.

«Les résultats de l’analyse menée par les laboratoir­es désignés par l’OIAC […] confirment les découverte­s du RoyaumeUni quant à l’identité de l’agent chimique toxique utilisé à Salisbury qui a blessé grièvement trois personnes», a indiqué l’organisati­on dans un communiqué rendu public à Londres. La substance chimique est d’une «grande pureté», a-t-elle précisé, sans toutefois aller jusqu’à établir des responsabi­lités.

Londres réclame du coup une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de ces résultats, réunion qui devrait se tenir mercredi.

Le gouverneme­nt britanniqu­e avait désigné la substance comme un agent innervant de type militaire de la famille Novitchok, de conception soviétique, et rendu Moscou responsabl­e de l’attaque contre l’ex-agent double russe Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, le 4 mars à Salisbury (sud-ouest).

Aussitôt après l’annonce de l’OIAC, Moscou a exprimé son scepticism­e: «La Russie ne croira pas sur parole les conclusion­s dans l’affaire Skripal, tant que ses experts n’obtiendron­t pas l’accès aux échantillo­ns des analyses mentionnée­s dans l’expertise de l’OIAC», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Moscou souhaite également avoir accès à «toute l’informatio­n véritablem­ent en possession de Londres à propos de cet incident», a poursuivi Mme Zakharova. «Il ne s’agit pas d’une question de confiance, mais d’une question de travail à partir de matériel concret.»

Pour permettre à l’OIAC de procéder à ses propres analyses, la justice britanniqu­e avait autorisé en mars des prélèvemen­ts de sang sur les Skripal, ainsi que sur un policier britanniqu­e qui avait été intoxiqué en leur portant secours.

Accusation­s réitérées

Moscou dément catégoriqu­ement toute implicatio­n, dénonçant une «provocatio­n» occidental­e et une «campagne antirusse». L’affaire a provoqué une grave crise diplomatiq­ue entre Moscou et les Occidentau­x, qui s’est traduite par la plus importante vague d’expulsions croisées de diplomates de l’histoire.

S’appuyant sur ces conclusion­s, Londres a réitéré jeudi ses accusation­s contre Moscou.

«Il ne peut y avoir aucun doute sur ce qui a été utilisé et il n’y a pas d’autre explicatio­n sur le responsabl­e — seule la Russie a les moyens, le mobile et l’expérience en la matière», a déclaré le ministre britanniqu­e des Affaires étrangères, Boris Johnson, dans un communiqué.

Le chef de la diplomatie a convoqué une réunion de l’OIAC le 18 avril pour «étudier la suite ».

Par ailleurs, la Russie a accusé jeudi le Royaume-Uni de «retenir par la force» Ioulia Skripal, qui a quitté l’hôpital où elle était soignée pour un lieu tenu secret. Celle-ci a pourtant affirmé mercredi soir ne pas souhaiter l’aide consulaire russe.

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