Le Devoir

Broncos de Humboldt: le temps de pleurer !

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Mon fils avait autour de 12 à 16 ans, un peu moins peut-être. Il était un sportif accompli en ski, tennis, natation. En maman craintive, je lui avais fait suivre des cours de ski, de natation et dans plusieurs autres domaines. Dans ma jeunesse, nous étions neuf enfants, pas très pauvres mais pas riches du tout, et il était impensable d’offrir des cours à neuf enfants. Seules les familles riches pouvaient se le permettre. Donc, si tu étais peu sportif et craintif comme je l’étais, tu le restais quasiment pour la vie. C’est pourquoi avec mes moyens financiers très modestes, je m’étais promis de créer chez mon fils une confiance en ses moyens physiques en lui faisant suivre les cours appropriés, sachant pertinemme­nt que je ne lui transmettr­ais, autrement, que mes craintes. Parfois, les dimanches, il allait jouer au hockey sur le lac avec ses amis et, sans le lui dire, j’étais terrifiée… peur que la glace cède, peur qu’il reçoive une rondelle et soit blessé. Il aurait été impensable pour moi de même aller le voir jouer même si je l’avais initié aux sports de glace. Je le confiais à Dieu, aux anges, au grand manitou, à toute Force invisible plus grande que moi. Je lui ai enseigné la prudence mais non la peur, avec tous les petits courages que je pouvais trouver à l’intérieur de moi. Je pense à toutes ces fois où, plus ou moins paralysée par l’anxiété, j’ai fait ce que tout bon parent doit faire, je l’ai laissé aller et laissé vivre ses expérience­s en l’imaginant, en l’espérant en sécurité et protégé. Aujourd’hui, il a 35 ans et il est le meilleur fils au monde. Je sais qu’il y a des millions de routes, certaines plus cahoteuses que d’autres, mais aucune ne peut préparer un parent à voir son enfant partir avant lui. Dans le Grand Livre de la vie où tout s’écrit, s’est écrit et s’écrira, on pourra chercher la consolatio­n qui est, a été ou sera peut-être là un jour, mais pour le moment, qu’il nous soit permis de n’exprimer que tristesse, désolation et compassion.

Ginette Brisebois

Pointe-Claire, le 12 avril 2018

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