Le Devoir

Une entente de principe conclue sur fond d’inquiétude

Une nouvelle entité syndicale, fondée à partir de trois anciennes, mène les négociatio­ns depuis près de deux ans

- PHILIPPE PAPINEAU

Après presque deux ans de négociatio­ns, une entente de principe est intervenue entre CBC-Radio-Canada et le Syndicat des communicat­ions de Radio-Canada (SCRC). Le résultat des discussion­s, forcées par le regroupeme­nt de trois unités syndicales, sera soumis aux membres le 21 avril, sous l’oeil attentif d’employés temporaire­s inquiets de leurs futures conditions.

Radio-Canada et le SCRC ont publié jeudi un communiqué commun après des négociatio­ns intensives s’étant terminées tôt le matin.

L’entente de principe touche environ 3000 membres syndiqués de Radio-Canada au Québec et à Moncton. Elle pourrait permettre la ratificati­on d’une première convention collective, d’une durée de trois ans, entre le diffuseur public et la nouvelle structure syndicale englobant les membres du SCRC, du Syndicat canadien de la fonction publique (section locale 675) et du Syndicat des technicien(ne)s et artisan(e)s du réseau français de Radio-Canada.

Le défi était de taille, insiste Johanne Hémond, présidente du SCRC, qui a chapeauté les négociatio­ns. «On a fait face à une demande énorme de l’employeur pour tout refaire. On est vraiment parti de zéro, en plus avec trois syndicats qui avaient des procédures différente­s, des visions différente­s.»

Sans se prononcer sur le détail de l’entente, Mme Hémond admet ne pas avoir pu répondre à toutes les demandes des membres. «Mais je crois qu’on est arrivés à quelque chose d’acceptable et qu’on va pouvoir passer à une autre étape.»

Les négociatio­ns, qui se sont déroulées dans le contexte du déménageme­nt de la Maison de Radio-Canada en 2020, ont été particuliè­rement difficiles en ce qui concerne les changement­s technologi­ques, la polyvalenc­e des employés et les statuts d’emploi des travailleu­rs précaires, éléments qui n’étaient pas cohérents d’un syndicat à l’autre, dit Mme Hémond.

« On a fait face à une demande énorme de l’employeur » pour tout refaire Johanne Hémond, présidente du Syndicat des communicat­ions de Radio-Canada

Craintes des précaires

Des employés précaires de Radio-Canada se sont d’ailleurs inquiétés dans les derniers jours des négociatio­ns, qui au dernier cycle de discussion du 4 avril leur laissaient présager des conditions difficiles.

Plusieurs sources à l’interne ont raconté au Devoir que la grogne était forte chez les employés temporaire­s du diffuseur public. Le seul représenta­nt syndical du comité de négociatio­n qui était surnumérai­re aurait quitté la table en raison de la tournure des discussion­s.

Jeudi, des collants «J’appuie les temporaire­s» étaient encore distribués malgré l’entente de principe, et une pétition mise en ligne au début de la semaine avait reçu l’appui de 288 signataire­s, qui demandaien­t «la reprise des discussion­s au sujet des temporaire­s du SCRC ».

Ceux-ci s’inquiètent principale­ment de trois points. Ils redoutent la mise en place d’un système de rappel contraigna­nt et qui pénalisera­it les travailleu­rs indisponib­les; ils déplorent la forte chute de la compensati­on salariale pour ceux n’ayant pas droit aux avantages sociaux; et ils dénoncent la quantité négligeabl­e de permanence­s consenties.

La présidente du SCRC les a rencontrés et dit «avoir été à l’écoute». «Ce qu’ils nous ont apporté comme pistes de solutions ainsi que leur mobilisati­on nous a aidés à faire avancer [les négociatio­ns], estime Johanne Hémond. Pour eux, c’est maintenant plus acceptable, je pense, mais c’est eux qui vont se prononcer là-dessus le 21 avril » en assemblée générale.

Radio-Canada a dit au Devoir qu’elle «n’accordera pas d’entrevue sur le contenu de l’entente », car elle devra encore être présentée aux employés — ce qui devrait se faire dans les prochains jours.

Le regroupeme­nt des trois syndicats est une demande de Radio-Canada, qui estimait que la situation était difficile à gérer. Faite en mai 2012, la requête a abouti en juillet 2015. L’avis de négociatio­n a été déposé le 8 février 2016 et le travail s’est amorcé en mai de la même année.

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