Le Devoir

Stationnem­ent : des citoyens dénoncent un règlement du Plateau

- JEANNE CORRIVEAU

Des résidents du Plateau-Mont-Royal estiment que l’arrondisse­ment va trop loin avec son projet de règlement qui interdira l’aménagemen­t de nouveaux stationnem­ents dans les cours arrière des propriétés. Ils tenteront d’obtenir la tenue d’un référendum pour forcer les élus à reculer.

Simon Cadotte voulait s’acheter une voiture électrique pour remplacer son véhicule à essence. Afin d’éviter de devoir utiliser une borne de recharge publique dans la rue, il entendait installer une borne dans sa cour arrière.

Mais il devra vraisembla­blement abandonner son projet en raison du règlement que compte adopter l’arrondisse­ment du Plateau. Celui-ci interdira l’aménagemen­t de nouveaux stationnem­ents dans les cours arrière de manière à favoriser le verdisseme­nt et à rendre les ruelles plus sécuritair­es.

Bien que ce règlement ne soit pas encore en vigueur, un moratoire s’est appliqué dès l’adoption du projet en première lecture le 5 mars dernier. Le Plateau-Mont-Royal est le premier arrondisse­ment montréalai­s à décréter un tel interdit.

« Ce que je vais faire, c’est continuer d’utiliser mon véhicule à essence. Mais ce n’est pas logique. L’objectif est de diminuer la pollution», estime Simon Cadotte.

Réduire la dépense à l’automobile

Les élus du Plateau maintienne­nt le cap. «Le fait de réduire l’offre de stationnem­ent est un des outils qu’on a pour réduire la dépendance qu’on a collective­ment à l’automobile», a expliqué la conseillèr­e Marianne Giguère aux citoyens venus dénoncer le règlement au conseil d’arrondisse­ment lundi dernier. «On veut faire des ruelles des endroits sécuritair­es, des milieux de vie où on peut envoyer nos enfants jouer sans s’inquiéter. »

Chaque année, l’arrondisse­ment reçoit en moyenne 14 demandes de permis pour l’aménagemen­t d’un espace de stationnem­ent en arrière-cour. À l’heure actuelle, 40% des cours du Plateau comportent un stationnem­ent et cellesci ne seront pas touchées par le règlement.

«Comment voulez-vous attirer les familles avec un tel règlement ? se demande Simon Cadotte. Moi, j’ai trois filles, dont une qui joue au hockey. Est-ce que je vais partir à vélo avec ma poche de hockey ? À 6 h le matin, il n’y a pas de transport en commun.»

Un autre résident, René Cormier, reproche à l’administra­tion Ferrandez d’avoir omis de consulter les citoyens alors qu’elle l’a fait pour le terrain de l’ancienne station Esso de l’avenue du Mont-Royal.

Le maire Luc Ferrandez ne juge pas qu’une consultati­on où deux clans risquent de s’affronter est la formule la plus appropriée. «C’est une consultati­on qui, généraleme­nt, n’est pas productive. Le meilleur outil démocratiq­ue, c’est le référendum», a-t-il dit.

C’est justement vers cette option que se dirigent les citoyens mécontents. Ils ont jusqu’au 23 avril pour récolter 12 signatures de résidents par zone — l’arrondisse­ment en compte des centaines — afin de forcer l’ouverture de registres. S’ils franchisse­nt cette étape avec succès, l’arrondisse­ment pourrait ouvrir un autre registre pour la tenue d’un référendum ou simplement retirer son règlement.

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MARIE-FRANCE COALLIER LE DEVOIR Deux citoyens du Plateau Mont-Royal, Simon Cadotte et Marie-Josée Cloutier, devront abandonner l’idée de se procurer une voiture électrique et d’installer une borne de recharge dans leur cour arrière.

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