Un faux débat qui revient au printemps
Chaque année, au printemps, un brin syntone avec le retour des oies blanches, nous revient le soporifique débat sur le port des signes religieux dans la fonction publique. Revenons-en. C’est à se demander comment un faux débat comme celuilà peut encore occuper autant de place dans l’espace public. On relance l’affaire, chaque fois, comme on lance un pavé dans la mare, comme pour combler un vide qui n’existe pas. Souvent à l’aube d’élections, comme pour montrer qu’on se préoccupe des droits et des libertés individuelles, alors que c’est le dernier souci du politicien de seconde zone qui rêve en secret de passer à Tout le monde en parle ; celui-ci préférant alimenter le feu de la discorde plutôt que de se pencher réellement sur les vrais problèmes qui hantent notre société, c’est-à-dire la pauvreté au Québec, qui entraîne son lot de conséquences, comme l’analphabétisme, la malnutrition, la maladie mentale, l’itinérance, et j’en passe. Non, ça fait pouf! comme ça, ça sort de nulle part et on devrait s’y attarder comme si c’était la menace de l’heure. Dites-moi… On vient de passer les cinq dernières années avec des policiers qui portaient le déguisement de camouflage comme moyen de pression. Cela nous a-t-il empêchés de payer nos contraventions? Non, pas du tout. À l’heure où l’on est à se questionner à savoir si on peut encore dire madame ou monsieur, père et mère et bonjour, hi, le vrai problème n’est pas de se demander si le hidjab, le turban ou la kippa peuvent se porter dans la fonction publique. Non, le vrai débat repose essentiellement sur le niveau de qualité de vie meilleure que nous souhaitons collectivement nous donner au Québec, comme projet de société. Mais ça, ce n’est véritablement pas le gouvernement en place qui peut nous mener dans cette voie. Celui-là lorgne plutôt une autre direction, vers la droite.
Alain Petel Le 12 avril 2018