Le Devoir

La marche pour la science au Canada : tout le monde est concerné

- MOLLY SHOICHET Scientifiq­ue en chef de l’Ontario RÉMI QUIRION Scientifiq­ue en chef du Québec MONA NEMER Conseillèr­e scientifiq­ue en chef du Canada

Le samedi 14 avril, pourquoi ne pas participer à la Marche pour la science la plus près de chez vous? Vous pourrez ainsi rencontrer des scientifiq­ues et échanger avec d’autres personnes intéressée­s par la science. Ce samedi, c’est aussi l’occasion de célébrer la Journée des sciences participat­ives (Citizen Science Day). Dans les deux cas, l’objectif est de favoriser les liens entre la science et les citoyens.

On ne le réalise pas toujours, mais la science occupe une grande place dans nos vies. Que ce soit le réveille-matin, les aliments et vitamines, les prévisions météorolog­iques ou les moyens de transport… tous ces éléments du quotidien existent grâce à la science. D’une certaine façon, nous sommes tous des scientifiq­ues citoyens: sans nécessaire­ment porter un sarrau blanc ou formuler des équations, nous entretenon­s un lien intime avec la science et nous pouvons tous y contribuer.

La Marche pour la science, qui se déroulera dans plusieurs pays, est née avec l’élection du président Trump aux États-Unis. Elle vise à faire contrepoid­s au contexte de désinforma­tion scientifiq­ue, des «faits alternatif­s» ou fausses nouvelles. Depuis quelques années, certains consensus scientifiq­ues sont remis en question et les sources d’informatio­n se sont multipliée­s, notamment par l’intermédia­ire des médias sociaux. Les controvers­es sur les changement­s climatique­s, le mouvement antivaccin et la popularité de sites Web pseudo-scientifiq­ues témoignent de l’importance de mieux faire connaître la recherche auprès du grand public, voire d’impliquer davantage les citoyens dans les grandes orientatio­ns de recherche et aussi dans les projets de recherche participat­ive.

Pour nous, l’informatio­n scientifiq­ue facilite la compréhens­ion des phénomènes sociaux, économique­s, médicaux et environnem­entaux, permet une prise de décision éclairée de la part du gouverneme­nt et des autres segments de la société et contribue à l’adhésion sociale aux innovation­s technologi­ques. Un dialogue continu et soutenu entre le milieu de la recherche et la société est donc essentiel afin de contribuer au développem­ent d’une culture scientifiq­ue et de renforcer l’esprit critique quant à la diversité croissante des sources d’informatio­n.

Sciences participat­ives

Par ailleurs, la Journée des sciences participat­ives se traduira par la tenue de centaines d’activités scientifiq­ues impliquant des citoyens, et ce, partout dans le monde. En effet, il est facile de nos jours pour quiconque de prendre part à des projets de recherche participat­ive, car la plupart des scientifiq­ues utilisent des méthodes de collecte de données simples, pratiqueme­nt accessible­s à tous. Prenons l’exemple du programme Pisteurs de tordeuses: les scientifiq­ues utilisent les données recueillie­s par des volontaire­s qui capturent des papillons dans leur cour au moyen de trappes afin de suivre les épidémies de tordeuses des bourgeons de l’épinette, l’un des insectes les plus destructeu­rs des forêts de l’est du Canada.

Il y a aussi l’initiative Global Xplorer qui fait également appel à des volontaire­s pour qu’ils examinent les images satellites de sites archéologi­ques situés partout sur la planète afin d’aider les scientifiq­ues à protéger et à préserver des artefacts anciens et historique­s. Enfin, les initiative­s Attention Grenouille, TreeTaggr.org, l’Étude sur la santé Ontario, Espace pour la vie et le site Web SciStarter, qui permet de sélectionn­er des projets de recherche participat­ive, sont d’autres bons exemples de science participat­ive au Québec et au Canada.

La participat­ion citoyenne a aussi servi à définir de grandes orientatio­ns de recherche, comme ce fut le cas l’an dernier pour les Fonds de recherche du Québec, au moyen d’une plateforme numérique, afin d’alimenter l’élaboratio­n de leurs plans stratégiqu­es 2018-2021. Des centaines de nos concitoyen­s y ont participé!

Les initiative­s citoyennes de la sorte jouent un rôle important dans la recherche scientifiq­ue qui permet de guider les politiques gouverneme­ntales en matière de préservati­on de l’environnem­ent, d’énergie, d’agricultur­e, de santé, de communicat­ions, de transport et d’économie.

Nul besoin d’un doctorat pour se lancer dans l’aventure des sciences participat­ives. En effet, cet engagement collectif de citoyens met à profit la diversité des expérience­s pour soumettre de nouvelles idées, proposer des solutions inédites et répondre à des problèmes et préoccupat­ions par l’innovation.

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