Le Devoir

Des Équatorien­s de retour en cour contre Chevron Canada

L’action vise à faire payer la filière canadienne de la pétrolière condamnée à verser près de 10 milliards de dollars en réparation

- COLIN PERKEL à Toronto

Des villageois équatorien­s tenteront de nouveau cette semaine d’établir la responsabi­lité de Chevron Canada pour honorer les 9,5 milliards de dollars américains en dommages et intérêts environnem­entaux exigés de la société mère aux États-Unis.

Les villageois demanderon­t au plus haut tribunal en Ontario d’infirmer un jugement précédent selon lequel ils ne peuvent pas s’en prendre à l’entreprise canadienne pour les sommes obtenues en justice en Équateur contre Chevron.

Des dizaines de milliers d’autochtone­s de la région équatorien­ne de Lago Agrio estiment que leurs rivières été endommagée­s par la pétrolière américaine de 1972 à 1990, ce qui a considérab­lement nui à leur gagne-pain.

Les audiences, prévues mardi et mercredi devant la Cour d’appel de l’Ontario, s’inscrivent dans un conflit intense ayant été mené sur de nombreuses années et dans plusieurs pays. Néanmoins, elles pourraient sonner le glas de la tentative par l’Équateur d’impliquer le Canada dans la bataille longue et acrimonieu­se.

En janvier 2015, le juge de la Cour supérieure Glenn Hainey a rejeté la demande des villageois en faisant valoir que Chevron Corp. et Chevron Canada sont deux entités distinctes, et que cette dernière ne peut être tenue responsabl­e des dettes de la précédente. Les plaignants ne peuvent pas faire «abstractio­n de la personnali­té morale» — en d’autres termes juridiques —, a déterminé le juge.

Dans leurs arguments écrits devant la Cour d’appel, les Équatorien­s parlent d’une prémisse absurde. Ils soutiennen­t que Chevron Corp. a obtenu plus de 25 milliards de dollars américains en dividendes de ses filiales à propriété exclusive, incluant Chevron Canada.

«Face, la société mère de Chevron et ses actionnair­es gagnent; pile, les victimes de la société mère de Chevron perdent et écopent», soutient la déclaratio­n.

Environ 47 plaignants représenta­nt environ 30 000 villageois font remonter leur cause à 1993, lorsqu’ils ont poursuivi pour une première fois Texaco, entreprise acquise par la suite par Chevron, pour la pollution de 1500 kilomètres carrés de forêt tropicale dans le nord de l’Équateur ayant souillé ruisseaux, eau potable et lopins de terre.

Ils ont ultimement eu gain de cause pour 9,5 milliards dans un jugement en 2013. Néanmoins, Chevron ne compte plus d’actifs dans ce pays d’Amérique du Sud, amenant les villageois à poursuivre les procédures dans plusieurs autres pays, dont le Canada, sans résultat pour l’instant.

L’action en justice canadienne, qui s’est amorcée en 2012, vise à faire payer la somme en dommages et intérêts par Chevron Canada en faisant valoir qu’une entreprise ne peut pas se réfugier derrière une filiale pour éviter ses créanciers.

 ?? PABLO COZZAGLIO AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Un site portant les traces d’un puits de pétrole autrefois exploité par Chevron à Shushufind­i, en septembre dernier. Les plaignants estiment que leurs rivières ont été endommagée­s par la pétrolière de 1972 à 1990, ce qui a considérab­lement nui à leur...
PABLO COZZAGLIO AGENCE FRANCE-PRESSE Un site portant les traces d’un puits de pétrole autrefois exploité par Chevron à Shushufind­i, en septembre dernier. Les plaignants estiment que leurs rivières ont été endommagée­s par la pétrolière de 1972 à 1990, ce qui a considérab­lement nui à leur...

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