Le Devoir

L’ex-premier ministre Milo Djukanovic reprend le pouvoir

Celui qui a remporté la présidenti­elle au premier tour veut se rapprocher de l’Union européenne

- OLJA NIKOLIC NICOLAS GAUDICHET à Podgorica

Le dirigeant historique du Monténégro, Milo Djukanovic, a retrouvé dimanche un pouvoir abandonné il y a moins de deux ans, après sa victoire dès le premier tour de la présidenti­elle dans ce petit pays des Balkans qui souhaite intégrer l’Union européenne (UE).

C’est «la victoire de l’avenir européen du Monténégro», a réagi Milo Djukanovic, qui s’est engagé à oeuvrer tout au long de son mandat de cinq ans à rapprocher de l’UE son pays de 620 000 habitants.

Allié de l’Occident, il avait quitté son poste de premier ministre en octobre 2016 après avoir dirigé quasiment sans interrupti­on pendant un quart de siècle le Monténégro, le conduisant à l’indépendan­ce en 2006, puis à l’adhésion à l’OTAN, effective depuis un an.

Avec Milo Djukanovic, le poste de chef de l’État, dont les fonctions étaient purement honorifiqu­es pendant les mandats de son prédécesse­ur et allié politique Filip Vujanovic, va redevenir le véritable siège du pouvoir.

D’après l’ONG indépendan­te Centre for Monitoring (CEMI), chargée d’annoncer les résultats préliminai­res, Milo Djukanovic obtient près de 54% des suffrages, loin devant son plus proche adversaire, Mladen Bojanic, crédité d’un tiers des votes.

Refusant de le féliciter, ce dernier a toutefois reconnu la victoire de son adversaire, disant simplement: «Le Monténégro a choisi ce qu’il a choisi. »

Longueur d’avance

Alors que les législativ­es de 2016 avaient été marquées par l’arrestatio­n d’une vingtaine de militants opposés à l’OTAN, accusés d’avoir voulu fomenter un coup d’État, le scrutin s’est cette fois déroulé dans le calme, sans incidents graves.

Pendant la campagne, à Podgorica, la capitale où vit plus du tiers de la population, les affiches de Milo Djukanovic, « leader, homme d’État, président de tous les citoyens», ont occupé la majeure partie des panneaux publicitai­res, laissant la portion congrue à ses six adversaire­s.

Soutenu par les principaux partis d’opposition, pro-russes ou non, Mladen Bojanic, 56 ans, qui avait dit croire en la victoire et appelé à l’union contre Milo Djukanovic en vue du second tour, n’a donc pas créé la surprise. Après avoir voté, il avait appelé à «mettre un terme au règne d’un autocrate qui veut transforme­r le Monténégro en dictature». «Je vais continuer à me battre », a dit M. Bojanic.

Quant au seul candidat ouvertemen­t prorusse, Marko Milacic, un journalist­e de 32 ans, il ne recueille qu’environ 3% des suffrages. «Il y a le sentiment que la Russie comprend les limites de son influence sans renoncer à long terme», estime l’expert Zlatko Vujovic, le directeur du CEMI.

Milo Djukanovic a d’ailleurs modéré sa rhétorique hostile face au Kremlin, se déclarant prêt à « mettre en place des relations normales avec la Russie, si celle-ci est aussi prête à le faire ».

Les autorités judiciaire­s monténégri­nes ont accusé des institutio­ns russes d’avoir été derrière la tentative de coup d’État d’octobre 2016, ce que Moscou réfute.

Dans un pays où le chômage dépasse les 20%, Milo Djukanovic s’est engagé à augmenter le salaire moyen. Cet engagement, a-t-il plaidé, ne sera tenu que si le Monténégro ne dévie pas de la voie vers l’adhésion à l’UE.

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Milo Djukanovic

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