Le Devoir

Éducation sexuelle : Québec n’a pas fait ses devoirs, jugent les professeur­s

- JOCELYNE RICHER à Québec

L’implantati­on des cours obligatoir­es d’éducation sexuelle, prévue en septembre dans toutes les écoles primaires et secondaire­s, paraît compromise.

Les syndicats d’enseignant­s estiment que le ministère de l’Éducation n’a toujours pas fait ses devoirs, ayant négligé de planifier l’offre de formation requise pour bien transmettr­e la matière.

Dans ces circonstan­ces, la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt (FSE), appuyée par le groupe Profs en mouvement, juge que les enseignant­s ne seront tout simplement pas prêts à prendre une telle responsabi­lité additionne­lle en septembre.

Elle demande donc à Québec de reporter à plus tard l’implantati­on de l’éducation sexuelle à l’école. La FSE va recommande­r à ses membres de ne pas accepter de fournir cet enseigneme­nt s’ils n’ont pas d’abord reçu la formation nécessaire.

«Les enseignant­s nous disent: pour nous, ce n’est pas arrivé, on n’a pas commencé à vivre ces formations-là et on ne sait pas quel type de formation on recevra», a déploré la présidente de la FSE, Josée Scalabrini, en conférence de presse mercredi, disant ignorer totalement quelle est la stratégie et quel est le plan de match du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

«On dit aux enseignant­s: si vous ne vous sentez pas prêts, ne levez pas la main», ajoute Mme Scalabrini, rappelant qu’en principe les enseignant­s auront le choix d’inclure ou non l’éducation sexuelle à l’enseigneme­nt de leur matière.

L’éducation sexuelle sera obligatoir­e pour l’élève, mais la tâche de l’enseigner, elle, sera facultativ­e et volontaire.

Selon le plan de Québec, l’éducation sexuelle ne fera pas partie de la grille-matières comme telle, étant plutôt intégrée à l’enseigneme­nt des matières existantes. Par exemple, un enseignant de français pourrait insérer du contenu pédagogiqu­e de nature sexuelle à son cours pendant quelques heures.

Il est prévu cinq heures par année au primaire et quinze heures au secondaire.

Québec garde le cap

Dans un communiqué de presse diffusé en soirée, mercredi, le ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur a répondu à la sortie des enseignant­s.

Québec dit poursuivre les démarches « d’accompagne­ment du réseau scolaire» en vue d’une implantati­on de l’éducation à la sexualité «dès la rentrée 2018-2019, au primaire et au secondaire ».

Selon le ministère, il «revient aux acteurs locaux, soit les commission­s scolaires et les directions d’établissem­ents d’enseigneme­nt, de déterminer, avec leurs équipes, qui assurera l’enseigneme­nt des notions liées à l’éducation à la sexualité ».

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