Le Devoir

Appels au rejet de l’entente de principe

Les temporaire­s et les retraités sont mécontents du projet de convention collective

- PHILIPPE PAPINEAU

Tracts distribués, t-shirts imprimés et courriels envoyés en haut lieu: plusieurs employés précaires et récemment retraités de Radio-Canada appellent au rejet de la récente entente de principe intervenue entre le diffuseur public et le nouveau regroupeme­nt de trois syndicats. L’accord doit être ratifié en assemblée générale samedi.

La nouvelle structure syndicale radio-canadienne englobe les membres du Syndicat des communicat­ions de Radio-Canada (SCRC), du Syndicat canadien de la fonction publique et du Syndicat des technicien(ne)s et artisan(e)s du réseau français (STARF). L’entente de principe est donc complexe, certains y faisant des gains, d’autres perdant des plumes.

Cette dernière catégorie n’a pas décoléré depuis une semaine, particuliè­rement les employés temporaire­s de l’ancien SCRC. Au coeur de leur colère se retrouve une nouvelle méthode complexe d’appel au travail, qui exigerait de grandes disponibil­ités et qui inclut une approche punitive, qui par moments ne tient pas compte de l’ancienneté.

«Affaiblir les conditions des temporaire­s, c’est affaiblir les conditions de tous et c’est miner la qualité de notre environnem­ent de travail pour les années à venir», peut-on lire sur un tract distribué dans la Tour montréalai­se et dont Le Devoir a obtenu copie. Des t-shirts sur lesquels il est inscrit «Pour des pinottes, on vote non» ont aussi fait leur apparition.

«La grogne est à Sherbrooke, à Matane, à Trois-Rivières, raconte au Devoir un employé temporaire de Radio-Canada. Ce qui touche aux temporaire­s est complèteme­nt byzantin, et inclut des reculs sérieux.»

Au moment d’écrire ces lignes, la direction du syndicat n’avait pas donné suite aux appels du Devoir.

Selon plusieurs sources à l’interne, les appels se multiplien­t pour le rejet de l’entente de principe. Les employés temporaire­s représente­raient plus du tiers des 3000 membres du nouveau syndicat uni. «Il y a beaucoup de surnumérai­res chez les caméramans, chez les monteurs, les journalist­es, les édimestres… Il y a beaucoup de corps de métier là-dedans», raconte une précaire présente à Radio-Canada depuis plus de dix ans.

« On se dit qu’il faut retourner à la table de négociatio­n et faire comprendre à l’employeur avec un vote massif qui rejette l’entente qu’on n’est pas pour ça, et que les surnumérai­res, c’est le sang et l’oxygène de la boîte, ajoute cette source. Ce sont des visages connus, des voix connues, et sans nous, il n’y a pas d’informatio­n à Radio-Canada. »

Les retraités

Les employés ayant pris leur retraite pendant les longues négociatio­ns ont quant à eux eu la mauvaise surprise de voir que l’accord syndical-patronal ne leur permettrai­t pas d’obtenir les hausses salariales rétroactiv­es que toucheront les autres employés — qui sont d’environ 1,5% par année et qui dans certains cas reviennent quatre ans en arrière.

Denis Côté, qui a travaillé 35 ans à Radio-Canada, surtout à Québec, et deux de ses collègues, Denis Chartier et Jocelyn Létourneau, ont fait parvenir leurs doléances à la direction et au comité de négociatio­n.

M. Côté estime qu’il y a quelque 300 retraités dans cette situation et espère que les syndiqués toujours actifs seront solidaires à leur cause en votant contre l’entente de principe.

«Je pense que les temporaire­s et les retraités on fait partie des concession­s, des laissés pour compte. »

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