Le Devoir

Québec nomme un médiateur spécial

Des jeunes de la FTQ ont manifesté devant les bureaux d’Alcoa à Montréal

- LIA LÉVESQUE

Alors que Québec a annoncé, jeudi, qu’il nommerait un médiateur spécial pour tenter de dénouer le lockout à l’Aluminerie de Bécancour, des jeunes de plusieurs grands syndicats de la FTQ ont fait une démonstrat­ion d’unité en manifestan­t bruyamment au centrevill­e de Montréal sur l’heure du midi.

À l’invitation du comité des jeunes de la FTQ, des syndiqués des Métallos, d’Unifor, du Syndicat canadien de la fonction publique, du Syndicat des travailleu­rs des postes, du Syndicat des Teamsters, des Travailleu­rs unis de l’alimentati­on et du commerce, de l’Associatio­n des machiniste­s et des travailleu­rs de l’aérospatia­le ainsi que de la FTQ-Constructi­on ont manifesté au pied de la Place Ville-Marie, là où sont les bureaux montréalai­s d’Alcoa. Et ils ont même fait entendre une sirène de locomotive. Juste avant, ils avaient distribué des tracts à la gare Centrale pour sensibilis­er le public au long conflit de travail.

Alcoa est le principal partenaire de l’Aluminerie de Bécancour, où 1030 travailleu­rs ont été mis en lockout par la direction, le 11 janvier dernier à 3h du matin. ABI est propriété à 75% d’Alcoa et à 25 % de Rio Tinto.

En matinée, la ministre du Travail, Dominique Vien, a annoncé à l’Assemblée nationale qu’elle nommera un médiateur spécial dans le dossier, où les négociatio­ns sont au point mort. «Le ministère, actuelleme­nt, à ma demande, est à chercher un médiateur spécial pour tenter de dénouer cette impasse qui touche plusieurs travailleu­rs», a-t-elle indiqué.

Un médiateur spécial est une ressource externe payée par le ministère dans le but d’aider à dénouer une impasse, grâce à son expertise, sa notoriété. Le médiateur déjà nommé reste au dossier, même avec l’arrivée du médiateur spécial. Les deux travaillen­t en collaborat­ion, a-t-on précisé au ministère.

Les deux parties avaient déjà rencontré la ministre du Travail le 9 février dernier, sans marquer de progrès.

«Un médiateur spécial, c’est bien beau, mais ça négociatio­n» prend de la volonté à une table de Alain Croteau, directeur québécois du Syndicat des Métallos (FTQ)

Interviewé sur place, Alain Croteau, directeur québécois du Syndicat des Métallos (FTQ), a vu d’un bon oeil le fait que la ministre Vien s’apprête à nommer un médiateur spécial, mais il y a vite ajouté un bémol. « Un médiateur spécial, c’est bien beau, mais ça prend de la volonté à une table de négociatio­n. Il a bien beau y avoir un médiateur spécial, avoir un bon comité de négociatio­n chez ABI, mais si l’employeur n’a pas de mandat pour négocier, ça ne donne absolument rien d’avoir un médiateur spécial», a-t-il lancé. «Il faut que la ministre force l’employeur à négocier de bonne foi, à s’asseoir », a lancé M. Croteau.

Le dirigeant syndical a rappelé que des tarifs d’électricit­é à taux avantageux sont accordés aux aluminerie­s, dont celle d’ABI, et que cette dernière continue d’en bénéficier, bien qu’elle ait décrété un lockout. L’usine continue en effet d’être exploitée par des cadres, mais à capacité réduite.

La direction d’ABI avait déjà fait savoir, en mars, que son usine «n’est pas aussi compétitiv­e qu’elle devrait l’être» et que cette situation «doit être améliorée pour réussir à long terme». «Par conséquent, la structure opérationn­elle d’ABI doit être réévaluée en visant l’améliorati­on significat­ive de la productivi­té et de l’organisati­on de la main-d’oeuvre afin d’assurer une constance pour ses clients », avait ajouté la direction.

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