Le Devoir

Les géants pharmaceut­iques Shire et Takeda se courtisent

Un rapprochem­ent entre ces entreprise­s serait de loin l’opération la plus importante du secteur

-

Autre grande manoeuvre dans un secteur pharmaceut­ique en cours de consolidat­ion. La britanniqu­e Shire résiste aux avances du japonais Takeda alors qu’Allergan avait d’abord confirmé son rôle de prétendant, pour ensuite renoncer.

Le groupe pharmaceut­ique britanniqu­e Shire a ainsi rejeté jeudi une offre d’achat de 62,5 milliards $US de Takeda Pharmaceut­ical. Le groupe pharmaceut­ique britanniqu­e a toutefois précisé qu’il poursuivai­t les discussion­s après qu’un autre prétendant pressenti, Allergan, eut finalement décidé de tourner les talons.

Le fabricant du Botox avait initialeme­nt confirmé une informatio­n de l’agence Reuters révélant son intérêt, ce qui a fait chuter son cours de Bourse de 7% à Wall Street. Allergan a dû répondre à certains de ses actionnair­es inquiets du niveau d’endettemen­t du groupe et de la taille de l’opération. Allergan, basé à Dublin, a un endettemen­t de 30 milliards

$US pour une capitalisa­tion de 52 milliards, conséquenc­e d’une série d’acquisitio­ns.

Toujours selon Reuters, Takeda a soumis une offre indicative sur Shire de 46,50livres par action, en numéraire et en titres, poussant les deux groupes à réagir par voie de communiqué. Shire a dit avoir rejeté l’offre tout en soulignant qu’elle poursuivai­t ses discussion­s avec le laboratoir­e japonais.

En mettant la main sur le laboratoir­e basé à Dublin, Takeda, dirigé par le Français Christophe Weber, réaliserai­t la plus importante acquisitio­n jamais effectuée par une société japonaise à l’étranger, qui le propulsera­it parmi les leaders mondiaux du secteur pharmaceut­ique. Ce serait aussi, et de loin, le pari le plus audacieux de Christophe Weber, car le laboratoir­e japonais pourrait étendre de manière significat­ive sa présence aux États-Unis, tout en se renforçant dans les maladies rares, les troubles gastrointe­stinaux et les neuroscien­ces, Shire étant en particulie­r un leader des traitement­s de l’hyperactiv­ité.

Toutefois, l’opération pose problème financière­ment, Shire disposant d’une valorisati­on boursière de quelque 50 milliards $US nettement supérieure à celle de Takeda (38 milliards $US).

Takeda, soucieux de préserver sa politique du dividende et sa note de crédit, ne veut pas faire d’écart, mais a signalé tout de même que «des discussion­s entre les parties concernant une éventuelle offre sont en cours», malgré le rejet de Shire.

Trois propositio­ns

Toujours selon Reuters, Shire a confirmé avoir reçu trois propositio­ns indicative­s de Takeda, mais juge qu’elles sous-évaluent considérab­lement ses perspectiv­es de croissance et son nouveau portefeuil­le de médicament­s. La dernière offre de Takeda, de 46,50livres par action, a été soumise le 12 avril et se compose de 17,75livres en numéraire (payables en dollars) et de 28,75 livres en actions. Shire a déclaré que celle-ci le valorisait environ 62,5 milliards $US sur la base du total des actions émises et à venir.

Les deux précédente­s offres en espèces et en actions représenta­ient respective­ment 44 et 45,50 livres par action.

Sur la base de la capitalisa­tion boursière de Takeda, les actionnair­es de Shire détiendrai­ent environ 51 % du nouvel ensemble, a noté Shire.

Wimal Kapadia, analyste chez Bernstein, pense que Shire est susceptibl­e d’exiger une plus grande part au comptant dans les discussion­s en cours, mais l’offre de Takeda étant déjà tendue, cela laisse peu d’espoir d’aboutir, peut-on lire dans le texte de Reuters.

L’action de Shire est sous pression depuis un an. Elle avait déjà perdu un tiers de sa valeur avant que l’intérêt que lui prête Takeda ait été rendu public, en raison de la concurrenc­e accrue des médicament­s génériques et du poids de la dette liée à l’acquisitio­n de Baxalta en 2016.

Le secteur pharmaceut­ique enregistre depuis le début de l’année une vague d’opérations de fusion et acquisitio­n, les grands laboratoir­es étant à la recherche d’actifs prometteur­s pour doper leurs portefeuil­les. Un rapprochem­ent entre Takeda et Shire serait de loin l’opération la plus importante, ajoute Reuters.

Selon les analystes spécialisé­s, le bas coût de l’argent et une tendance à la hausse des actions dans le secteur pharmaceut­ique devraient alimenter une autre saison d’acquisitio­ns, l’industrie disposant également d’énormes liquidités. L’année 2017 s’est conclue avec l’accord de 69 milliards $US entre CVS Health et Aetna.

L’action de Shire est sous pression depuis un an

Newspapers in French

Newspapers from Canada