L’inflation prévue pour 2018 n’inquiète pas Stephen Poloz
Le gouverneur de la banque centrale du Canada affirme que l’inflation dépassera probablement la cible historique de 2% pour l’année entière, tout en disant ne pas en faire grand cas puisque la tendance à plus long terme est stable.
Stephen Poloz s’est porté en faux contre l’idée que la cible de 2% représente une barrière infranchissable, et a affirmé que le plus important était que l’inflation demeurerait en moyenne autour de 2% sur plusieurs années.
Le gouverneur de la Banque du Canada a tenu ces propos, samedi, quelques jours après avoir révélé qu’il maintenait le taux directeur au même niveau pour une seconde mise à jour des politiques de suite, malgré la projection de l’indice des prix à la consommation à 2,3% pour 2018.
Il s’agit du plus haut taux d’inflation au Canada depuis plusieurs années, à la suite d’une période de profil plus bas au coeur de l’effondrement des prix du pétrole.
«Une bonne chose»
M. Poloz a dit samedi, avant de partir pour Washington, qu’un bond de l’inflation au-delà de 2%, «temporairement», était «en fait une bonne chose».
«Ce que je ne veux pas est de me faire dire toute l’année ce que j’attends puisque l’inflation est supérieure à la cible… Vous devez parfois rappeler aux gens qu’il y a une fourchette, et que c’est correct. La politique [de la banque centrale] prend cela en considération. Nous n’enfreignons pas notre cible», a-t-il fait valoir.
Des données de la Banque du Canada montrent effectivement une inflation à ce niveau dans une vingtaine de trimestres depuis le début des années 1990 — mais cela n’est pas survenu depuis six ans.
Le risque principal
Lorsque questionné à savoir où se situent l’incertitude commerciale, les réductions d’impôt aux États-Unis et les obstacles aux oléoducs en ce qui a trait aux impacts sur l’économie, le gouverneur de la banque centrale n’a pas hésité à en montrer un du doigt plus particulièrement. «Assurément, nous plaçons l’incertitude commerciale comme le risque principal», a dit M. Poloz.
Il a souligné que le rapport de politique monétaire de la banque centrale de la semaine dernière projette une réduction des investissements des entreprises au Canada par 3% d’ici 2020 — et l’incertitude commerciale compte pour les deux tiers de ce déclin, plus du double de l’impact des réductions d’impôt aux États-Unis.
La banque centrale anticipe une poursuite de la croissance de l’économie canadienne cette année, mais à un rythme plus lent. Même si le Canada, les États-Unis et le Mexique arrivent à conclure un nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) d’ici quelques semaines, comme ils le souhaitent, M. Poloz estime que les répercussions sur les investissements ne seraient pas immédiatement renversées.