Le Devoir

Indignité libérale

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Après l’avoir nié, le député d’Argenteuil, Yves St-Denis, a finalement reconnu qu’il avait envoyé, à partir de son cellulaire, une photo pornograph­ique à une employée politique, qui a porté plainte auprès de l’Assemblée nationale. Peu connu du public et même des journalist­es, l’obscur occupant des banquettes arrière, dont la grossièret­é s’étend à toutes les acceptions du mot, a connu ses cinq minutes de notoriété en faisant preuve d’une bêtise abyssale.

Le malotru aurait transmis de ces photos graveleuse­s à deux autres employées politiques, selon La Presse, ce qui n’aurait rien de surprenant compte tenu des déclaratio­ns qu’il a faites à Cogeco, le média qui a révélé l’affaire: «On est à l’ère où tout le monde s’échange des photos de toutes sortes. Je ne suis pas différent des autres», a-t-il affirmé dans un élan de sotte candeur. Il faudrait qu’il nous dise qui, de ses collègues, n’est pas différent de lui.

Yves St-Denis a rudoyé verbalemen­t d’autres employées. Son fait d’armes au Salon bleu fut d’apostrophe­r à répétition les députés François Bonnardel et Amir Khadir, à tel point que le président de l’Assemblée nationale a dû déplacer l’insupporta­ble personnage.

Quand il a été élu député, cet ancien président de commission scolaire — un contre-emploi, c’est certain — est parti avec du matériel informatiq­ue appartenan­t à l’organisme; il a fallu l’interventi­on du Parti libéral pour qu’il retourne ces biens mal acquis. De plus, il a encouru un blâme pour avoir utilisé le matériel de la commission scolaire afin d’annoncer sa candidatur­e libérale.

Depuis que l’opprobre s’est abattu sur lui et qu’il a quitté le caucus libéral, les langues se sont déliées : on dénonce l’individu vulgaire, agressif et obscène.

Le PLQ aurait été informé dès 2014 que son candidat, en campagne électorale, avait envoyé la photo salace à l’employée, ce que nie le parti. Selon sa version, c’est en octobre dernier que l’employée aurait communiqué avec un de ses représenta­nts. Le 1er décembre, la whip libérale, Nicole Ménard, l’a finalement rencontrée pour lui suggérer de porter plainte à l’Assemblée nationale.

Évidemment, si le PLQ était au courant dès 2014 et qu’il n’a rien fait, ce serait là silence condamnabl­e. Mais surtout, on peut se demander comment le PLQ a pu choisir pareil butor pour défendre ses couleurs. C’est un mystère que seule une forme d’arrogance peut expliquer.

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ROBERT DUTRISAC

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