Le Devoir

Une première femme à la tête des sociaux-démocrates

- ISABELLE LE PAGE à Berlin

Le Parti social-démocrate allemand (SPD) a élu samedi à sa tête l’ancienne ministre du Travail Andrea Nahles, qui devient la première femme à diriger la plus vieille formation politique du pays, avec pour mission de la sortir de la crise.

Au cours d’un congrès extraordin­aire à Wiesbaden, dans l’ouest du pays, Mme Nahles — 47 ans, dont 30 au sein du SPD — a obtenu 66% des voix au sein du parti de centre gauche, face à l’ancienne policière et maire de Flensburg Simone Lange.

«Aujourd’hui, lors de ce congrès du parti, nous brisons le plafond de verre au SPD, s’est félicitée Mme Nahles. Et le plafond restera ouvert.»

Dans son discours dimanche, Andrea Nahles a promis de lutter pour plus de justice sociale en Allemagne. « La solidarité est ce qui manque le plus dans ce monde globalisé, néolibéral et ultra-numérisé», a-t-elle affirmé.

Elle a également affiché sa déterminat­ion à enrayer la montée du parti populiste d’extrême droite Alternativ­e pour l’Allemagne (AfD), estimant qu’il s’agissait d’une bataille « pour rien de moins que de préser ver la démocratie ».

L’élection d’Andrea Nahles à la tête du SPD — qui participe au gouverneme­nt au sein de la «grande coalition» — va accentuer une tendance à la féminisati­on des fonctions dirigeante­s dans le monde politique allemand.

Pour la première fois aussi, les deux plus grands partis nationaux sont dirigés par une femme, avec Angela Merkel chez les conservate­urs. Les femmes occupent aussi des postes-clés à la tête de la gauche radicale, des écologiste­s et de l’extrême droite.

Du pain sur la planche

Andrea Nahles remplace Martin Schulz, porté à la tête du parti en mars 2017, avant de le conduire à sa plus cuisante défaite électorale le 24 septembre et d’être poussé sans ménagement vers la sortie en février par les militants du parti.

Il reviendra à Andrea Nahles de recoller les morceaux dans une formation très divisée, qui s’est embarquée à contrecoeu­r dans une troisième «grande coalition» avec la chancelièr­e Angela Merkel.

« Je crois que je peux » le faire, a-t-elle dit vendredi. Un sondage de la télévision publique ARD montre qu’une majorité des personnes interrogée­s pensent le contraire.

«En tant que représenta­nte de l’«establishm­ent», Andrea Nahles n’est pas forcément la mieux placée pour lancer la nouvelle orientatio­n» dont le SPD a besoin, indique à l’AFP Matthias Micus, analyste de l’institut de recherche sur la démocratie de Göttingen.

Elle appartient depuis deux décennies aux instances dirigeante­s du parti, né il y a presque 155 ans.

Mais alors qu’il s’agit de le reposition­ner à gauche, cette mère d’une petite fille de 7 ans, réputée proche du peuple, est «crédible», dit-il. Et elle peut s’appuyer sur un solide réseau dans le parti, malgré sa réputation de «tueuse de rois» qui la poursuit, en particulie­r depuis qu’elle a provoqué la chute d’un précédent président du SPD, Franz Münteferin­g, en 2005.

Mme Nahles a aussi fait ses preuves en tant que ministre du Travail dans le précédent gouverneme­nt. À ce poste, elle s’est battue pour la mise en place d’un salaire minimum, une révolution en Allemagne. Elle a aussi imposé une nouvelle loi sur les retraites, dont une dispositio­n très critiquée prévoit un départ dans certains cas dès 63 ans (au lieu de 67).

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