L’entente de principe rejetée par le syndicat
Les membres du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) ont rejeté à 56 % l’entente de principe conclue récemment avec le diffuseur public. Réunis en assemblée générale samedi au Palais des congrès de Montréal, près de 1000 employés se sont prononcés sur la convention collective en négociation depuis plus de deux ans.
Pendant 12 heures, les représentants syndicaux ont expliqué chaque article de la convention, un document «long et complexe», laissant finalement peu de temps — et d’énergie — aux membres pour débattre en fin de journée, au regret des employés interrogés par Le Devoir.
Il faut dire que la nouvelle structure syndicale radio-canadienne rassemble environ 3000 membres venant de trois syndicats différents: le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC), le Syndicat canadien de la fonction publique et le Syndicat des technicien (ne) s et artisan(e) s du réseau français (STARF).
«J’aurais aimé pouvoir expliquer aux personnes pourquoi c’est important que, nous aussi [les travailleurs temporaires], on ait de bonnes conditions, pour garantir la qualité de notre travail. Si une partie du groupe est mal traitée, ça se ressentira collectivement et c’est tout Radio-Canada qui sera affaibli si sa pertinence est remise en question», confie un journaliste qui entame sa neuvième année comme employé temporaire.
Le noeud du problème? Un système complexe d’appel qui aurait obligé les employés temporaires à prévoir de grandes disponibilités, de trois à quatre mois d’avance. Le fonctionnement proposé incluait une approche punitive, puisqu’au second refus de remplacement, ces employés risquaient de perdre leur ancienneté en se retrouvant en bas de la liste d’appel.
«On voulait plus de planification, car on ne sait jamais où on va être affecté. Mais la réponse du patronat a été de nous demander plus de disponibilités sans nous garantir plus de deux jours par semaine payés», s’offusque un autre employé temporaire.
Mobilisation
Ces deux dernières semaines, plusieurs appels au rejet de l’entente ont été lancés par des employés temporaires et permanents qui la jugent « complètement inacceptable ».
«C’est une claque au visage de personnes qui ont donné leur vie à Radio-Canada, parce que certains sont là depuis 1213 ans comme temporaires. »
«C’est précaire comme situation, les temporaires ne peuvent jamais planifier leur vie d’avance. On leur enlève leur seul avantage qui était de pouvoir se mettre indisponibles sans rien devoir à leur employeur », renchérit un journaliste permanent.
À ses yeux, le diffuseur public devrait créer davantage de postes permanents pour ces travailleurs temporaires qui représentent presque 45 % de l’ensemble des syndiqués de Radio-Canada au Québec et à Moncton. «Certains jours, au Web, ils sont 65% de temporaires», ajoute-t-il.
D’autres articles de la convention concernant les permanents le font sourciller: salaires moins élevés que leurs homologues en Ontario et dans l’Ouest canadien, surcharge de travail importante, difficile conciliation travail-famille, promotions salariales en attente… «On ne va pas demander la lune, on sait qu’on n’est pas à plaindre. Mais on parle juste d’acquis, il n’y a eu aucune avancée de nos conditions depuis le début des négociations», déplore le journaliste.
Retour aux négociations?
Une assemblée générale, dont la date n’a pas encore été fixée, doit être convoquée prochainement pour que les syndiqués débattent du mandat qui sera donné au comité de négociation.
«Nous allons revenir sur tous les enjeux qui ont été soulevés durant notre rencontre et nous retournerons dès que possible à la table de négociation afin d’exposer ceux-ci à l’employeur», a précisé la présidente du SCRC, Johanne Hémond, par communiqué.
De son côté, le diffuseur public s’est dit « très déçu » du résultat, affirmant néanmoins respecter le choix de ses employés et assurant que « toutes les options seront évaluées» dans les prochains jours pour arriver à une nouvelle entente.
Pour le journaliste permanent questionné par Le Devoir, les prochaines négociations devraient tourner à l’avantage des employés, la direction souhaitant éviter tout conflit à l’approche de l’entrée en poste de la nouvelle présidente-directrice générale, Catherine Tait, le 1er juillet.