AUJOURD’HUI
Avengers : la guerre de l’infini induit un état comparable à l’indigestion cinématographique
Culture › Lassitude infinie. Avengers: la guerre de l’infini induit un état comparable à l’indigestion cinématographique.
AVENGERS: LA GUERRE DE L’INFINI (V.F. DE AVENGERS: INFINITY WAR)
1/2
Aventures d’Anthony et Joe Russo. Avec Robert Downey Jr., Chris Hemsworth, Benedict Cumberbatch, Zoe Saldana, Tom Holland, Scarlett Johansson, Mark Ruffalo, Chris Evans, Chris Pratt, Pom Klementieff, Chadwick Boseman, Paul Bettany, Elizabeth Olsen, Anthony Mackie, Sebastian Stan, Danai Gurira, Letitia Wright, Dave Bautista, Josh Brolin. États-Unis, 2018, 149 minutes.
Trop, c’est comme pas assez. Alors que s’approche (puis s’éloigne, puis s’approche encore, on y reviendra) le dénouement d’Avengers: la guerre de l’infini, on ne manque pas de se remémorer le dicton. Entreprise sans précédent, l’univers cinématographique Marvel (UCM), qui multiplie les séries individuelles de superhéros pour mieux les réunir dans des films choraux comme celui-ci, en est à son 19e long métrage en dix ans. À ce stade, on a pas mal fait le tour.
Avec un budget avoisinant le demi-milliard en tenant compte de la promotion, cette troisième réunion des Avengers a certes les moyens d’être spectaculaire, pétaradante et colorée. Elle l’est. Le matériel n’en est pas moins usé.
Pis, le film met tout en place pour une apothéose mais opte in extremis pour l’expectative. Pour être limpide, Avengers: la guerre de l’infini (Avengers: Infinity War), c’est un coït interrompu après plus de deux heures de préliminaires. Pour l’orgasme escompté, il faudra attendre l’inévitable suite (attendue en mai 2019).
Laisser le spectateur en plan au bord du proverbial précipice à la fin d’un épisode fait partie du b.a.-ba de l’écriture feuilletonesque. Recourir à ce procédé éprouvé, c’est, on pardonnera le jeu de mots, de bonne guerre. Il reste que dans le contexte, c’est un peu facile. Pour ne pas dire cheap.
Superhéros à l’infini
Pour mémoire, Thanos, un monstre avide de pouvoir, est à la recherche des six pierres d’infinité disséminées jadis lors du Big Bang. En les possédant toutes, il pourra décider du devenir de l’univers tout entier — Thanos est le control freak ultime. Ces pierres ont déjà joué un rôle dans certaines aventures de Capitaine America, de Thor et des Gardiens de la galaxie (Peter Quill, Gamora, Drax, Rocket, Groot).
Ils sont tous là pour affronter Thanos, avec aussi Iron Man, Docteur Strange, Hulk, SpiderMan, la Veuve noire, la Panthère noire, Vision, la Sorcière rouge, sans compter les acolytes comme Nébula, Mantis, le Faucon, le Soldat de l’hiver, Okoi, Shuri, Loki et Pepper Potts.
Ça fait beaucoup de monde. Trop, et tous n’en reviendront pas. Dans l’intervalle, chacun se voit imparti son moment, petit ou grand selon son importance globale dans l’UCM. On suit une faction sur terre, une autre dans l’espace, et Thanos dans l’avancement de sa quête, en alternance. Il en résulte une intrigue dispersée. Simplissime, mais dispersée.
On a habituellement droit, en guise d’enjeu principal, au risque d’anéantissement de l’humanité. Cette fois, surenchère oblige, c’est ainsi l’univers au complet qui est dans la balance. Il n’empêche, réduite à sa plus simple expression, la formule privilégiée demeure la même.
Succès assuré
Sur le plan technique, c’est exceptionnellement bien fait, les comédiens sont tous parfaitement au diapason et on a encore droit à quelques répliques savoureuses. Et à n’en pas douter, cela suffira à une vaste majorité des légions d’admirateurs (on anticipe des recettes supérieures à 1,5 milliard) dont plusieurs sont très ardents. Il est d’ailleurs des forums de discussion où l’UCM s’apparente presque à une religion, avec les croyants et les impies.
À cet égard, chacun sait où il loge. Pour la petite histoire, cette critique émane de quelqu’un qui a pris un plaisir énorme à voir et à revoir nombre de titres Marvel, dont le premier volet des séries Iron Man et Les gardiens de la galaxie, le second de Capitaine America, sans oublier Deadpool, dont l’irrévérence subversive aurait été la bienvenue ici.
Effet d’accumulation
Ces films, pour la plupart, ont séduit par leur mélange heureux d’action et d’émotion, de spectaculaire et d’intime, de gravité et d’humour. Jusqu’au tout récent Panthère noire (Black Panther), qui a marqué un jalon quant à la diversité à Hollywood, ces productions se sont avérées sans conséquence, légères et agréables à consommer qu’elles étaient. Comme de bons desserts bien équilibrés.
Seulement voilà, équilibrés ou pas, à force de s’en faire gaver, on finit par avoir la nausée. Après dix-neuf films et dix années de ce régime, l’indigestion est atteinte.
Ce n’est probablement pas tant la faute de ce volet-ci en particulier, quoiqu’il ait de gros problèmes, que de l’effet d’accumulation. Assez!
Après
19 films et dix années de ce régime, l’indigestion est atteinte