Le Devoir

L’étonnante complicité entre Donald Trump et Emmanuel Macron

Les deux présidents ont affirmé leur volonté d’aboutir à un « nouvel » accord sur le nucléaire

- JÉRÔME CARTILLIER LAURENCE BENHAMOU à Washington

Donald Trump et Emmanuel Macron ont évoqué mardi leur volonté d’aboutir à un «nouvel» accord avec l’Iran, constatant leur désaccord sur le texte existant sur le nucléaire, qui semble plus fragilisé que jamais.

Le président américain et son homologue français, qui a longuement insisté sur leur complicité, sont restés évasifs sur les contours et la portée de ces nouvelles négociatio­ns qu’ils appellent de leurs voeux mais qui devraient se heurter à la vive opposition de Téhéran.

« Nous souhaitons pouvoir désormais travailler sur un nouvel accord avec l’Iran», a lancé M. Macron, évoquant la possibilit­é que son homologue américain mette à exécution sa promesse de campagne de jeter aux orties ce texte visant à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique.

«On ne déchire pas un accord pour aller vers nulle part, on construit un nouvel accord qui est plus large», a-t-il poursuivi, soulignant sa volonté d’aborder « tous les sujets de la région », dont la Syrie et les activités balistique­s de Téhéran.

Le locataire de la MaisonBlan­che, qui a réclamé un nouveau texte aux fondations «solides», a une nouvelle fois stigmatisé, lors d’une conférence de presse commune, l’accord «ridicule» conclu par son prédécesse­ur démocrate, Barack Obama.

«Nous verrons ce qui se passera après le 12 mai », a-til lâché, évoquant l’échéance à laquelle il prendra une décision sur le devenir de cet accord conclu en 2015 après des années d’âpres négociatio­ns entre l’Iran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, ÉtatsUnis, France, Royaume-Uni et Russie).

Surprenant­e complicité

Premier dirigeant étranger à effectuer une visite d’État aux États-Unis sous la présidence Trump, M. Macron a tout fait pour nouer une relation étroite avec un homologue dont la vision du monde est pourtant, à de nombreux égards, diamétrale­ment opposée à la sienne.

Multiplian­t les embrassade­s et les poignées de main, les deux dirigeants, que plus de 30 ans séparent, ont multiplié les signes d’amitié depuis l’arrivée de M. Macron lundi à Washington.

«Ce sera un grand président pour la France, c’est ce que je prédis», a lancé M. Trump avant d’entrer dans le Bureau ovale.

En présence de son homologue français, le président américain a ouvertemen­t regretté d’avoir l’Union européenne comme interlocut­eur sur les questions économique­s.

«La question des échanges avec la France est compliquée parce qu’il y a l’Union européenne. Je préférerai­s négocier seulement avec la France, a-t-il lancé. L’Union est très dure avec nous. Ils ont des barrières douanières qui sont inacceptab­les. »

Des pellicules

Mardi soir, un fastueux dîner d’État en l’honneur des Macron réunissait de nombreux invités à la MaisonBlan­che, décorée pour l’occasion d’une forêt de branches de cerisier en fleurs. Le menu gastronomi­que, la somptueuse vaisselle, tout a été largement médiatisé.

Cette deuxième journée de la visite présidenti­elle française a donné lieu à une surprenant­e scène lorsque Donald Trump a entrepris, face aux caméras du monde entier, de… balayer des pellicules du costume de son invité. « Nous avons une relation très privilégié­e, d’ailleurs je vais retirer ces quelques pellicules », a déclaré M. Trump en faisant mine d’essuyer l’épaule d’Emmanuel Macron, habillé d’un costume noir. « Nous devons le rendre impeccable, il est impeccable », a-t-il ajouté dans un sourire, au côté de M. Macron, quelque peu gêné d’une telle sollicitud­e.

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