Grave changement de cap en matière d’expulsions
Au cours des derniers mois, la société civile québécoise s’est indignée de certains cas d’expulsion qui ont ainsi bénéficié d’une visibilité médiatique importante, mettant par le fait même à l’épreuve le degré d’humanisme et de compassion du gouvernement Trudeau. Or, dans tous ces cas, le gouvernement est plutôt resté silencieux et a ignoré les incommensurables demandes d’annulation ou de suspension de renvois portées par les sociétés civiles et politiques québécoises. En effet, malgré des appuis populaires sans précédent, l’expulsion du Canada de ces enfants, de ces femmes et de ces hommes a été exécutée, démontrant ainsi le grave changement de cap d’un gouvernement qui affichait jusque-là une ouverture marquée devant ces dossiers aux circonstances particulièrement impérieuses.
Revenons d’abord sur le cas de Lucy Francineth Granados, mère célibataire de trois enfants ayant résidé au Canada pendant neuf ans et renvoyée du Canada le 13 avril 2018. Cette dernière craignait les menaces d’un gang criminel au Guatemala et espérait voir, avant son départ, sa demande de résidence permanente acceptée sur la base de considérations d’ordre humanitaire afin de pouvoir régulariser son statut au pays. Plusieurs groupes de la société civile et des centaines de citoyens avaient sollicité la suspension de son renvoi auprès du gouvernement, mais, malgré une pression médiatique sans précédent, cette demande est malheureusement restée lettre morte.
Pensons également à la famille sri lankaise Lawrence expulsée en décembre 2017, qui avait soulevé également un vent de sympathie populaire considérable et qui était considérée comme un modèle d’immigration par le ministre québécois David Heurtel. La jeune Leony Lawrence avait touché le coeur des Québécois par son français impeccable, son parcours scolaire exceptionnel, ainsi que son souhait de devenir médecin oncologue au Québec. Malgré les demandes en haut lieu, le gouvernement Trudeau est une fois de plus resté de glace devant cette expulsion, qui fut alors décrite comme une véritable gifle du fédéral à l’endroit du Québec.
Changement de cap
Ces dossiers font état d’un changement de cap récent particulièrement préoccupant de la part du gouvernement Trudeau, et ce, à l’égard de dossiers impliquant des considérations humanitaires notoires et suscitant des appuis massifs de la part des sociétés civiles et politiques. Dans l’état actuel des choses, le mutisme et le laisserfaire du gouvernement, dans des dossiers où les Québécois réclamaient une intervention, constituent un changement de ton particulièrement préoccupant et font état d’un profond et nouveau manque d’humanisme et de compassion de sa part.
Il faut l’avouer cependant, rares sont les dossiers d’immigration qui provoquent de telles passions populaires et nécessitent autant l’intervention des classes politiques et civiles québécoises. Or, si le gouvernement Trudeau refuse d’intervenir même dans ces cas les plus probants, force est donc de constater qu’il ne peut plus se targuer d’être le porte-étendard de la compassion, de l’humanisme et de l’ouverture envers les plus vulnérables de notre société. Espérons que le gouvernement saura répondre aux prochains appels de la population, qu’il passera de la parole aux actes et que les prochains Lawrence et Granados pourront ainsi compter sur la compassion des Québécois pour demeurer au pays ou, peutêtre même, espérons-le, y revenir.