Le Devoir

Victoria emprunte la voie juridique

- ALEXANDRE SHIELDS

La saga du pipeline Trans Mountain se transporte devant les tribunaux, puisque le gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e a officielle­ment demandé jeudi à la Cour d’appel de la province de reconnaîtr­e son droit de légiférer pour protéger son territoire contre la «menace» d’un déversemen­t de pétrole.

«Nous avons demandé aux tribunaux de confirmer le pouvoir de la Colombie-Britanniqu­e de défendre ses intérêts, afin de clarifier cette question pour aujourd’hui et pour les génération­s à venir», a fait valoir le premier ministre John Horgan, dans une déclaratio­n écrite.

«Notre gouverneme­nt continuera de se tenir debout pour défendre le droit de protéger l’environnem­ent, l’économie et les côtes de la Colombie-Britanniqu­e », a-t-il ajouté.

Concrèteme­nt, Victoria espère que la Cour d’appel, le plus haut tribunal de la province, confirmera son droit de mettre en place de nouvelles mesures pour réglemente­r le transport de pétrole sur le territoire.

Le gouverneme­nt néodémocra­te, qui se maintient au pouvoir grâce à un appui du Parti vert, estime qu’un déversemen­t pétrolier « mettrait en danger la santé humaine, l’environnem­ent et les communauté­s ».

Le recours juridique lancé par la Colombie-Britanniqu­e vise donc précisémen­t à restreindr­e le transport de pétrole brut, une mesure qui pourrait permettre de bloquer la réalisatio­n du projet d’expansion du pipeline Trans Mountain, de la pétrolière texane Kinder Morgan.

Il faut dire que ce projet ferait passer la capacité quotidienn­e de transport de 300 000 barils à 890 000 barils. Pour exporter tout ce pétrole des sables bitumineux, jusqu’à 34 pétroliers quitteraie­nt chaque mois un port situé à Burnaby, en banlieue de Vancouver, contre 5 pétroliers actuelleme­nt.

Or, soutient Victoria, «un seul déversemen­t menacerait des milliers d’emplois en Colombie-Britanniqu­e ».

Pouvoir fédéral

Dans son renvoi en Cour d’appel, le gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e demande par ailleurs au tribunal si une loi fédérale peut avoir la primauté sur des modificati­ons à la loi provincial­e de l’environnem­ent qui permettrai­ent à Victoria de réglemente­r le transport du pétrole lourd.

À Ottawa, la ministre de l’Environnem­ent, Catherine McKenna, s’est dite «déçue» de la décision du gouverneme­nt provincial, tout en lançant l’idée de créer un «groupe consultati­f conjoint d’experts scientifiq­ues» chargé notamment d’étudier les impacts environnem­entaux des déversemen­ts pétroliers.

Dans une lettre envoyée à son homologue de la ColombieBr­itannique, George Heyman, Mme McKenna rappelle qu’Ottawa a déjà pris des mesures pour réduire les dommages en cas de déversemen­t de pétrole. Elle cite notamment une capacité accrue de remorquer des navires en difficulté, et l’établissem­ent de cinq nouveaux postes d’interventi­on d’urgence.

La responsabl­e de l’action fédérale contre les changement­s climatique­s réaffirme aussi «l’engagement de notre gouverneme­nt à mettre en avant le projet» de Kinder Morgan, «car cette infrastruc­ture vitale est d’intérêt national».

Dans une vidéo diffusée jeudi sur le Web, la ministre McKenna se porte également à la défense du projet de la pétrolière texane, tout en soulignant que «les ressources naturelles du Canada sont et demeureron­t une partie importante de notre économie ».

Le Canada possède les troisièmes réser ves pétrolière­s de la planète.

Victoria espère que la Cour d’appel confirmera son droit de mettre en place de nouvelles mesures pour réglemente­r le transport de pétrole sur le territoire

Avec La Presse canadienne

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JONATHAN HAYWARD LA PRESSE CANADIENNE L’expansion du pipeline Trans Mountain ferait passer la capacité quotidienn­e de transport de 300 000 barils à 890 000 barils.

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