Le Devoir

Les incidents entre groupes ethniques sont en hausse dans les écoles

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a convenu jeudi que le «climat» actuel peut susciter davantage de conflits entre les groupes ethniques dans les écoles, comme l’a constaté une équipe de chercheurs de l’Université Laval qui s’est intéressée à la violence dans les établissem­ents scolaires du Québec.

«Je pense que c’est clair, vous n’avez qu’à regarder l’actualité», a-t-il reconnu. Cela dit, «nos enfants sont les mieux placés pour atténuer ces différence­s», a-t-il ajouté. «Les enfants n’ont pas ce type d’idées préconçues, sauf si quelqu’un les leur met dans la tête quand ils sont très jeunes.»

L’Enquête sur la violence dans les écoles québécoise­s, menée par des chercheurs de l’Université Laval, fait état d’une baisse généralisé­e de la violence dans les écoles, mais dégage également une tendance haussière dans le nombre de conflits entre groupes ethniques, tant au primaire qu’au secondaire.

En 2013, un élève du secondaire voyait ainsi en moyenne, dans une année, 1,9 conflit entre groupes ethniques. Cette moyenne est passée à 2,6 en 2017. Au primaire, un élève était témoin en 2013 de 2,3 conflits entre groupes ethniques par année en moyenne. En 2017, c’était 3,4.

Ambiance politique

L’Assemblée nationale est le théâtre ces dernières semaines d’une escalade verbale entre les élus, qui s’accusent tantôt de prôner le «nationalis­me ethnique», tantôt d’alimenter le «populisme» ou de flirter avec «l’extrême droite».

Le ministre Proulx a reconnu que l’acerbité des échanges peut contribuer à la situation observée dans les écoles. «Je ne pense pas que nous sommes responsabl­es de ce qui se passe dans les écoles, a-t-il néanmoins souligné. Je pense qu’on contribue, oui, à l’environnem­ent et à ce qui se passe dans les écoles. En même temps, je pense que certains de nos débats sont faits assez sereinemen­t.»

Plus d’agressions par textos

L’étude permet en outre de constater une hausse des comporteme­nts

d’agressions liés à l’utilisatio­n des nouvelles technologi­es.

En 2017, 5,4% des élèves du primaire avaient ainsi reçu des insultes ou des menaces par cellulaire ou texto «une ou deux fois par année», comparativ­ement à 4,3 % en 2013. La même année, 1,2% de ces enfants avaient reçu ce type d’insultes deux ou trois fois par mois, et parfois plus souvent.

Les jeunes de 4e, 5e et 6e années possédaien­t d’ailleurs un appareil pouvant envoyer des textos dans une proportion de 79,4% en 2017, par rapport à 61 % en 2013.

Au secondaire, presque tous les élèves (92,2 %) possédaien­t en 2017 un appareil leur permettant d’envoyer des textos. En 2013, ils étaient 75,9% à pouvoir en dire autant.

La proportion d’élèves du secondaire ayant reçu des insultes ou des menaces par cellulaire ou texto n’a pas été rapportée par les chercheurs puisqu’elle n’a pas subi de variation importante.

Fait à noter: l’enquête fait état d’une carence généralisé­e dans la formation des enseignant­s en matière de prévention et de gestion de la violence.

En 2017, environ 80% des enseignant­s du primaire et au secondaire ont dit n’avoir reçu aucune formation de ce type au cours de leurs études. Une fois sur le marché du travail, 52 % et 69 % des enseignant­s du primaire et du secondaire, respective­ment, ont déclaré ne pas avoir profité de formation continue.

L’enquête a été réalisée auprès de 24 000 élèves du primaire et du secondaire, de 3700 parents et de 1600 membres du personnel de 84 établissem­ents scolaires, qui se sont portés volontaire­s pour y participer. Elle a été financée par le ministère de l’Éducation.

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