Le Devoir

Pensionnat­s autochtone­s : quasi-unanimité aux Communes pour réclamer des excuses au pape

- LINA DIB à Ottawa

Le prélude à une journée de débat parlementa­ire sur une demande d’excuses du pape François pour les pensionnat­s autochtone­s s’est fait dans l’émotion et les pleurs. Le débat, lui, a offert une quasiunani­mité, chose rare aux Communes, les voix dissidente­s se faisant discrètes.

Des survivants d’un pensionnat autochtone, l’établissem­ent ontarien Sainte-Anne, se sont présentés au foyer de la Chambre des communes, jeudi matin, pour insister sur l’importance de ces excuses pour eux. Leurs discours ont été ponctués de larmes.

«L’argent ne pourra jamais effacer mes cicatrices», a lancé dans un sanglot Angela Shisheesh. « Mais ce qui me réconforte­rait, c’est que l’Église demande pardon», a-t-elle ajouté, avant de se diriger avec ses compagnons vers les tribunes du public d’où elle a assisté au débat de la motion présentée par le Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD).

La motion invite le pape François à présenter ses excuses pour les sévices subis par les enfants autochtone­s dans les pensionnat­s gérés par des institutio­ns catholique­s. Peu avant Pâques, les évêques catholique­s canadiens ont fait savoir que le pape ne présentera­it pas, pour l’instant, pareilles excuses.

Le NPD a décidé d’en appeler directemen­t au pape. La motion, débattue jeudi, sera soumise au vote mardi après-midi.

Illustrant la difficulté de l’exercice, le député Romeo Saganash a assisté au débat sans y prendre part. «Lorsqu’on demande à des survivants de pensionnat­s de raconter leur expérience, de raconter leur histoire — 10 ans de tristesse et de mauvais souvenirs dans mon cas —, c’est les inviter à revivre leurs traumatism­es. Alors, je ne ferai pas ça aujourd’hui. »

C’est son collègue Charlie Angus qui a entamé le débat, une plume d’aigle à la main, en qualifiant les pensionnat­s de «camps de la mort».

Le gouverneme­nt libéral a rapidement signifié qu’il appuiera la motion.

«Notre gouverneme­nt souhaite prendre cette occasion pour démontrer que la réconcilia­tion n’est pas une question partisane», a déclaré la ministre des Relations Couronne-Autochtone­s, Carolyn Bennett, lorsqu’elle a pris la parole aux Communes.

Les conservate­urs, cependant, sont divisés sur la question. La semaine dernière, certains d’entre eux déclaraien­t que le Parlement n’a pas à s’immiscer dans les affaires des institutio­ns religieuse­s. Mais ceux-là n’ont pas pris la parole durant le débat.

« Nous avions seulement quatre places d’orateurs », a justifié Cathy McLeod, la responsabl­e du dossier dans les rangs conservate­urs. La députée et ses trois collègues se sont exprimés pour la motion.

Le chef du Parti conservate­ur, Andrew Scheer, n’a pas l’intention de participer à ce vote, étant occupé ailleurs, selon son bureau, qui renvoie à une de ses déclaratio­ns antérieure­s.

« Je pense que tout groupe ou institutio­n qui a joué un rôle significat­if [dans les pensionnat­s] devrait faire ce qu’il faut et nous aider à tourner la page», avait dit M. Scheer le 28 mars dernier, alors qu’on apprenait que le pape ne présentera­it pas des excuses.

Andrew Scheer permet à ses troupes un vote libre sur la motion.

Peu avant Pâques, les évêques catholique­s canadiens ont fait savoir que le pape ne présentera­it pas, pour l’instant, pareilles excuses

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