Une curiosité qui paie
Le deuxième volet nordique de l’OSM avec le chef Storgårds a permis de belles découvertes
IMMENSITÉ DES PAYSAGES NORDIQUES Leifs: Geysir. Tchaïkovski: Concerto pour violon. Klami: Aurora borealis. Sibelius : Symphonie No. 7. Orchestre symphonique de Montréal, John Storgårds (chef), Augustin Hadelich (violon), Maison symphonique de Montréal, le mercredi
25 avril 2018.
Pour le second volet de son Festival nordique, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) donnait mercredi à la Maison symphonique un concert tout à fait en phase avec ses intentions d’amener le public sur les chemins de la découverte. Sous la baguette de John Storgårds pour un deuxième soir, l’OSM a paru très à l’aise, l’entente entre les deux semblant meilleure que la veille.
Frappant d’originalité par l’utilisation très moderne de procédés d’écriture dérivés des musiques traditionnelles islandaises, Geysir, de Jón Leifs, emploie des instruments de percussion placés à l’arrière-scène pour créer des effets de spatialisation très efficaces dans leur évocation des phénomènes naturels dont s’inspire le poème symphonique. L’orchestre et le chef se sont montrés excellents dans cette entrée en matière musclée.
C’est en vain que l’on cherchera dans le Concerto pour violon de Tchaïkovski une quelconque évocation des paysages nordiques annoncés dans le titre du concert. Cette dérogation à la thématique promue ne saurait pour autant diminuer le plaisir que nous a procuré la brillante performance du violoniste Augustin Hadelich. En effet, la chimie entre les musiciens était palpable mercredi, alors que John Storgårds avait retrouvé la souplesse et la clarté qu’on lui connaît au disque.
L’orchestre prenait visiblement plaisir à jouer avec le soliste ; quant à ce dernier, soucieux de tirer de l’oeuvre le maximum de musique et de plaisir, il s’est valu une ovation dès la fin du premier mouvement.
La seconde partie du concert aura permis de faire une autre découverte, au moins aussi substantielle que celle de Geysir : Aurora Borealis, du finlandais Uuno Klami, une oeuvre à l’écriture instrumentale raffinée et virtuose. L’orchestre y a paru moins confiant que dans la première partie du concert — l’équilibre des plans sonores a été plus difficile à atteindre, certaines sections masquant parfois l’activité des autres —, mais la performance s’est révélée suffisamment convaincante pour faire forte impression sur les auditeurs, comme en témoignent les commentaires enthousiastes glanés à la sortie du concert.
La dernière symphonie de Sibelius, en un mouvement, est difficile à mettre en valeur au concert : trop courte pour faire l’objet d’une partie à elle seule, mais aussi peut-être trop dense pour faire bon ménage du compagnonnage d’autres oeuvres de durée semblable, telle Aurora Borealis. Lisible dans son approche de la symphonie à défaut d’y être très expressif, Storgårds a fait peu de cas de l’extraordinaire résolution de la dissonance par laquelle s’achève l’oeuvre, concluant sur une baisse de tension un concert autrement très réussi.